Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/365

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le reste des prisonniers, se retira de nouveau dans sa chambre solitaire.

La famille se réunit dans le salon. La colère avait mis Édouard hors de lui, et le sous-prieur lui-même n’était pas peu blessé de l’audace du plan de Mysie Happer, et de l’habileté avec laquelle il avait été exécuté. Mais la surprise et la colère ne servaient de rien. Les fenêtres, bien garnies de barreaux de fer contre les attaques des assaillants du dehors, prouvaient maintenant leur utilité en résistant aux prisonniers de la tour. Les créneaux, il est vrai, étaient ouverts, mais sans échelles et sans cordes pour remplacer des ailes ; il était de toute impossibilité de descendre par là. Ils réussirent facilement à donner l’alarme aux habitants des cabanes situées hors de l’enceinte ; mais les hommes avaient été appelés à la tour pour renforcer la garde pendant la nuit ; il ne restait dans ces habitations que les femmes et les enfants qui, dans cette circonstance imprévue, ne pouvaient contribuer en rien à la délivrance, et poussaient des exclamations inutiles de surprise. Enfin il n’y avait d’autres habitations qu’à plusieurs milles à la ronde. Dame Elspeth cependant, quoique fondant en larmes, n’avait pas tellement perdu de vue les choses de ce monde, qu’elle ne pût trouver assez de voix pour dire aux femmes et aux enfants qui étaient en dehors de cesser leurs cris, et de faire attention aux sept vaches dont elle ne pouvait s’occuper, parce que son esprit était troublé par tant de malheurs, et que cette infâme et trompeuse Mysie l’avait enfermée avec toute la famille dans sa propre tour aussi solidement que si c’eût été dans la prison de Jeddart.

Pendant ce temps, les hommes, ne trouvant pas d’autres moyens possibles pour sortir, résolurent à l’unanimité de forcer les portes avec tous les instruments que la maison pourrait leur fournir. Ces instruments n’étaient pas très-propres à un tel usage, et les portes étaient très solides. La porte intérieure, faite de chêne, les occupa à elle seule pendant trois mortelles heures, et il n’y avait pas à présumer qu’on pût forcer la porte de fer dans un espace double de temps.

Tandis qu’ils étaient occupés de ce travail ingrat, Marie Avenel, avec beaucoup moins de fatigue, avait pris connaissance de ce que l’esprit avait indiqué dans ces vers mystérieux. Eu examinant le lieu que le fantôme avait montré par ses gestes, il n’était pas difficile de découvrir qu’une planche avait été dérangée, et qu’on