Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/367

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consolante : « Invoque-moi au jour de l’affliction et je viendrai à ton secours. » Elle lut de nouveau ces passages et son âme acquiesça facilement à la conclusion de sa mère : « Sûrement, ceci est la parole de Dieu. »

Il y a des hommes à qui la voix de la religion s’est fait entendre au milieu des orages et des tempêtes ; il en est d’autres qui en ont été frappés au milieu des vanités mondaines et jusque dans leurs orgies ; il en est enfin qui, au sein d’un agreste repos et de jours assez paisibles, ont prêté l’oreille à cette voix divine qui, jusqu’à ce jour, n’était entendue que faiblement par leur cœur. Mais c’est peut-être dans nos moments d’affliction que nous recevons des impressions plus durables. Les larmes sont comme une douce rosée qui fait germer la parole de Dieu et lui fait prendre racine dans le cœur humain. C’est du moins ce qui arriva à Marie Avenel. Elle resta insensible au bruit tumultueux qu’on faisait au-dessous d’elle. Ses pensées ne furent distraites ni par le choc retentissant des barreaux battus par les leviers, ni par les acclamations mesurées des hommes qui, réunissant leurs efforts, s’accompagnaient de la voix à chaque coup pour frapper en même temps, ni par les cris de vengeance qu’ils vociféraient de temps à autre contre les fugitifs qui leur avaient donné une tâche si dure et si difficile à remplir ; tous ces bruits qui formaient un concert discordant et qui étaient bien loin d’exprimer la paix, l’amour et la charité chrétienne, ne purent détourner un moment le cours des idées qui occupaient uniquement son esprit. La sérénité du ciel, dit-elle, est au-dessus de moi, les sons que j’entends de tous côtés ne viennent que de la terre et des passions humaines. »

Cependant la journée s’avançait, et les prisonniers qui travaillaient à enfoncer la porte de fer étaient encore fort éloignés du terme de leur ouvrage, lorsqu’ils reçurent tout à coup un renfort par l’arrivée de Christie de Clint-Hill. Il parut à la tête d’un petit détachement composé de quatre cavaliers, sur le bonnet desquels s’élevait une branche de houx, emblème de la maison d’Avenel.

« Holà, hé ! mes maîtres, dit-il, je vous amène un prisonnier. »

— Vous auriez bien mieux fait de nous apporter les moyens de sortir d’ici, dit Dan d’Howelet-Hirst. »

Christie resta stupéfait en voyant l’état des choses : « Quand on devrait me pendre, s’écria-t-il, et je pourrais bien être pendu pour aussi peu de chose, je ne saurais m’empêcher d’éclater de rire en voyant des hommes regarder à travers cette grille, comme au-