Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/397

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ment avec ses soldats, d’un pas qui prouvait suffisamment que son désir de jouir de l’escorte sacrée pour traverser la vallée était véritablement sincère. Il avait cependant d’autres motifs pour accélérer la marche de son cheval. Il voulait faire part au sous-prieur du message dont l’avait chargé son maître Julien, message relatif à la remise du prisonnier Warden aux moines de l’abbaye. Ayant invité le sous-prieur à marcher avec lui quelques pas en avant d’Édouard et des soldats de sa suite, il lui adressa la parole, interrompant de temps en temps son discours par des exclamations qui annonçaient que sa crainte des êtres surnaturels n’était pas entièrement calmée par la confiance que lui inspirait le saint caractère de son compagnon de route.

« Mon maître, dit le cavalier, pensait qu’il vous avait fait un présent de grand prix en la personne de ce vieux prédicateur hérétique ; mais il me semble, d’après le peu de soin que vous en avez pris, que vous ne tenez guère compte du cadeau.

— Oh ! dit le sous-prieur, il ne faut pas juger si précipitamment. La communauté fera beaucoup de cas de ce service, et elle en récompensera dignement ton maître ; mais cet homme et moi nous sommes d’anciens amis, et j’espère le retirer du sentier de la perdition.

— Oui, lorsque je vous ai vus vous serrer la main en commençant, je me suis douté que tout se terminerait par l’amitié et par la politesse, et que les choses n’iraient pas jusqu’à l’extrémité entre vous. Quoi qu’il en soit, c’est tout un pour mon maître. Sainte Marie ! comment appelez-vous ce qui est là-bas, sir moine ?

— C’est une branche de saule qui traverse le chemin, et qui est entre nous et le ciel.

— Que la malédiction soit sur moi, si cela n’a pas l’air d’un bras d’homme qui balance un sabre ! Mais, pour revenir à mon maître, en homme prudent dans ces temps de désordre, il s’est tenu à l’écart jusqu’à ce qu’il pût voir précisément sur quel pied il doit marcher. Des offres bien séduisantes lui ont été faites par les lords de la congrégation que vous appelez hérétique, et pendant un temps il fut dans l’intention, pour être franc avec vous, de prendre leur parti ; car on lui avait assuré que lord James s’avançait de ce côté à la tête d’un corps nombreux de cavalerie. En conséquence, lord James comptait tellement sur lui, qu’il lui envoya cet homme, ce Warden, ou quel que soit son nom, et le mit sous la protection de mon maître comme d’un ami dont il était sûr. En même temps,