Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/420

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frères, ministres saints, soyez juges ainsi, il a osé porter la main sur le prédicateur de l’Évangile ; et qui sait s’il ne poussera pas l’impiété jusqu’à vendre le sang de sa victime aux adorateurs de l’antéchrist ?

— Qu’il meure de la mort des traîtres ! s’écrièrent les chefs séculiers, et que sa langue soit percée d’un fer rouge pour punir son parjure !

— Qu’il soit renversé comme les prêtres de Baal ! dirent les prédicateurs, et que ses cendres soient jetées dans le tophet ![1] »

Murray les écouta avec un sourire qui exprimait tout l’espoir de la vengeance. Mais il est probable que le récit des mauvais traitements endurés par Catherine lui avait rappelé des circonstances à peu près semblables qui avaient rapport à sa propre mère, et que ce souvenir pénible avait été cause de l’expression de colère qui avait animé ses traits mâles et fait trembler sa lèvre hautaine. Lorsqu’Halbert eut terminé son récit, il lui parla avec bonté.

« Ce jeune garçon paraît doué de hardiesse et de vaillance, dit-il à sa suite ; il est formé de l’étoffe qui convient dans un temps de trouble et de guerre. Le courage et le génie chez certains hommes se devinent et percent malgré l’extérieur le plus simple et le plus modeste. Je veux faire avec lui une plus ample connaissance. »

Il le questionna en particulier sur les forces du baron d’Avenel, les moyens de défense de son château, et sur son héritier présomptif. Cette dernière question força Halbert à lui raconter la triste histoire de Marie Avenel, la nièce du baron : ce qu’il ne put faire sans un air d’embarras et une émotion qui n’échappèrent point à Murray.

« Ah ! Julien Avenel, dit-il, vous provoquez mon ressentiment quand vous avez tant de raisons de craindre ma justice et d’implorer ma clémence ! J’ai connu Walter Avenel, véritable Écossais et brave soldat. La reine notre sœur doit justice à sa fille ; et si ses biens lui sont une fois rendus, elle sera une fiancée digne de quelque brave qui pourra mieux mériter notre faveur que le traître Julien ! » Puis, regardant Halbert, il ajouta : « Es-tu de sang noble, jeune homme ? »

Halbert, d’une voix tremblante et incertaine, parla des prétentions de sa famille qui se flattait de descendre des anciens Glen-

  1. Expression de l’Écriture pour désigner l’enfer. a. m.