Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/426

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hâte-toi, Glendinning. Dis à Poster que, s’il respecte le service de sa maîtresse, je le conjure de remettre cette affaire en mes mains. Dis à l’abbé que je brûlerai le monastère, quand même il serait dedans, s’il porte un coup avant mon arrivée. Dis à ce chien, à ce Julien Avenel, qu’il a déjà un long compte à régler avec moi, et que je placerai sa tête sur le sommet du plus haut clocher de Sainte-Marie, s’il ose en ouvrir un autre. Fais diligence et n’épargne pas l’éperon, ne crains pas de déchirer les flancs de ton cheval.

— Vos ordres seront exécutés, milord, » dit Glendinning : et choisissant pour le suivre les cavaliers dont les montures étaient le moins fatiguées, il partit aussi rapidement que l’état des chevaux le permit. Les collines et les vallées disparaissaient sous les pieds de leurs coursiers.

Ils n’avaient pas franchi la moitié du chemin lorsqu’ils rencontrèrent des soldats venant du champ de bataille, et dont l’aspect annonçait que le combat était commencé. Deux d’entre eux soutenaient dans leurs bras un troisième, leur frère aîné, qui avait reçu une flèche à travers le corps. Halbert, qui les reconnut pour des vassaux de l’abbaye, les appela par leur nom et les questionna sur l’état de la bataille. Mais dans ce moment même, en dépit des efforts des deux frères pour retenir le blessé sur la selle, il tomba de cheval ; alors ils descendirent en toute hâte pour recevoir son dernier soupir. Il n’y avait aucune information à obtenir d’hommes occupés d’une si triste affaire. Glendinning, en conséquence, poussa plus avant avec sa petite troupe : son anxiété était d’autant plus grande qu’il apercevait un grand nombre de soldats, portant la croix de Saint-André sur leurs bonnets et leurs corselets, lesquels paraissaient s’éloigner en désordre du champ de bataille. La plupart d’entre eux, lorsqu’ils découvraient le corps de cavalerie arrivant sur la route, prenaient à droite ou à gauche ; mais à une telle distance qu’Halbert ne put adresser la parole à aucun. Ceux dont la terreur avait été encore plus grande continuaient la route droit devant eux, galopant comme des insensés, aussi vite que leurs chevaux pouvaient les porter, et lorsque les cavaliers d’Halbert les questionnaient, les fuyards les regardaient sans répondre et sans cesser de fuir. Quelques-uns de ces derniers étaient aussi connus d’Halbert, qui ne douta plus à cette vue que les soldats de l’abbaye n’eussent été défaits. On ne pourrait exprimer l’inquiétude qu’il ressentit alors touchant le