Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/147

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congédier ce pauvre jeune homme. Pour ma part, je dirai franchement que j’ai eu tort depuis un bout jusqu’à l’autre, excepté pour le lavage de la nourriture des jeunes faucons. En ce point je soutiens que j’avais raison. »

Alors le bon fauconnier raconta tout au long à son maître l’histoire de la querelle qui avait occasionné la disgrâce de Roland Græme ; mais il arrangea son récit d’une manière si favorable au page que sir Halbert ne put méconnaître sa généreuse intention.

« Adam Woodcock, lui dit-il, tu es un excellent garçon.

— Aussi bon que tous les fauconniers du monde, dit Adam ; et quant à cela j’en puis dire autant de ce jeune page ; mais comme il est à moitié gentilhomme par sa charge, il a le sang chaud, et le mien n’est guère froid.

— Bien ! reprit Halbert, à ce que je vois, lady Avenel a été un peu prompte ; car il n’y avait guère là de quoi chasser un jeune homme qu’elle protège depuis son enfance ; mais il aura sans doute gâté ses affaires par quelques paroles inconvenantes. N’importe ; c’est à merveille pour le projet que j’ai conçu. Emmenez cette multitude, Woodcock ; et vous, Roland Græme, restez avec moi. »

Le page suivit sir Halbert en silence dans l’intérieur du monastère ; et le chevalier, s’arrêtant dans le premier appartement qui se trouva ouvert, chargea un de ses hommes d’armes de faire savoir à son frère, Édouard Glendinning, qu’il désirait lui parler : alors, congédiant les gens de sa suite, qui allèrent avec plaisir rejoindre leur camarade Adam Woodcock et la joyeuse troupe rassemblée au cabaret de la mère Martin, il resta seul avec le page. Sir Halbert Glendinning se promena quelques instants sans rien dire, puis s’adressant au jeune homme :

« Vous pouvez avoir remarqué, lui dit-il, qu’il m’est arrivé bien rarement de faire attention à vous. Je vois que vous rougissez ; mais ne m’interrompez point avant que j’aie fini. Comme je vous le disais, je ne me suis jamais beaucoup occupé de vous, non pas que vous n’ayez aucune qualité digne d’éloge, mais vous avez aussi des défauts que mes louanges eussent peut-être augmentés. Votre maîtresse, agissant selon son bon plaisir dans l’intérieur de sa maison, et personne n’a plus qu’elle le droit de le faire, vous a tiré de la misère, et traité plutôt comme un parent que comme un serviteur. Si vous avez été fier et orgueilleux d’une telle distinction, il serait injuste de ne pas dire que vous