Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/156

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Roland aurait voulu répondre négativement, mais la voix expira sur ses lèvres, et Madeleine continua ses exhortations.

« Il ne faut pas l’oublier, mon fils ; et je vais te confier un gage que sans doute tu trouveras bientôt l’occasion de remettre en secret dans ses propres mains. »

Elle remit à Roland un très-petit paquet, lui enjoignant d’en prendre le plus grand soin, et surtout de ne le laisser voir qu’à Catherine Seyton elle-même, c’est-à-dire, lui rappela-t-elle encore sans nécessité, à la jeune fille qu’il avait rencontrée le jour précédent. Elle lui donna ensuite sa bénédiction solennelle, et pria Dieu de le protéger.

Il y avait dans les manières et la conduite de Madeleine quelque chose de mystérieux ; mais Roland Græme n’était ni par son âge, ni par son caractère, porté à perdre beaucoup de temps pour chercher le mot de cette énigme. Tout ce qui s’offrait à son esprit dans le présent voyage ne lui promettait que plaisir et nouveautés. Il était charmé de se rendre à Édimbourg pour y prendre la dignité d’un homme et oublier le rôle de page ; il était surtout transporté en pensant qu’il aurait une occasion de revoir Catherine Seyton, dont les yeux brillants et les manières vives avaient fait une impression si favorable sur son imagination. Tel qu’un jeune homme sans expérience, mais plein de feu et sur le point de paraître pour la première fois sur le théâtre actif du monde, il sentait palpiter son cœur à la seule pensée qu’il allait voir toutes ces scènes pompeuses de la cour et ces aventures guerrières, sujet ordinaire des conversations des compagnons de sir Halbert lorsqu’ils visitaient le château d’Avenel. Leurs discours enthousiastes ne manquaient pas d’exciter l’admiration et l’envie de ceux qui, comme Roland, ne connaissant les cours et les camps que par ouï-dire, étaient condamnés aux amusements solitaires et à la retraite presque monastique de ce château isolé sur son lac, et enfermé par des montagnes inaccessibles. « On répétera mon nom, disait-il, si je puis, au risque de ma vie, acheter l’occasion de me distinguer : le regard malin de Catherine Seyton se reposera avec plus de respect sur le soldat illustré que sur le page novice et sans expérience. » Tout ce qu’il fallait avec ces réflexions pour porter son enthousiasme au plus haut degré, il le possédait en se voyant de nouveau monté sur un cheval ardent, au lieu de voyager péniblement à pied, comme il l’avait fait les jours précédents.

Poussé par la vivacité de son caractère, que tant de circonstan-