Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/167

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suivre le régent Murray : on aurait dit un essaim d’abeilles qui bourdonnait dans cette rue immense et superbe. Au lieu des vitrages actuellement destinés à l’exposition des marchandises, les commerçants avaient leurs étalages se projetant sur la rue, sur lesquels, comme dans nos bazars modernes, étaient rangés les objets en vente. Quoique les marchandises ne fussent pas des plus riches, cependant Græme crut voir les trésors du monde entier dans les divers ballots de toiles de Flandre, et dans les échantillons de tapisseries. En d’autres endroits, l’étalage d’ustensiles domestiques, de pièces de vaisselle plate, le frappa d’étonnement. La vue des boutiques des couteliers, remplies d’épées et de poignards fabriqués en Écosse, et d’armures défensives importées de la Flandre, ajoutait à sa surprise. À chaque pas, il trouvait tant à regarder et à admirer, qu’Adam Woodcock eut beaucoup de peine à le faire avancer à travers cette scène d’enchantement.

Le spectacle de la foule qui remplissait les rues était pour Roland un sujet toujours nouveau de surprise. Ici, une dame parée et couverte de son voile de soie marchait délicatement, précédée d’un écuyer qui lui ouvrait le passage, un page portait sa queue, et une suivante sa bible, ce qui indiquait qu’elle se rendait à l’église. Là, il voyait un groupe de bourgeois suivre le même chemin, avec leurs manteaux courts à la flamande, leurs larges hauts-de-chausses et leurs pourpoints à grand collet, mode à laquelle les Écossais furent long-temps fidèles, ainsi qu’à la toque surmontée d’une plume. Ensuite venait l’ecclésiastique lui-même, portant le noir manteau de Genève et le rabat, prêtant avec gravité une oreille attentive aux discours de plusieurs personnes qui l’accompagnaient, et qui sans doute entretenaient une conversation sérieuse sur le sujet religieux qu’il allait traiter. Il ne manquait pas de passants appartenant à d’autres classes et d’une apparence différente.

À chaque instant, Roland rencontrait un petit-maître habillé à la mode la plus nouvelle, ou à la française, avec son pourpoint tailladé, ses pointes de même couleur que la doublure, sa longue épée d’un côté, et son poignard de l’autre, suivi d’un cortège de serviteurs robustes, proportionné à sa fortune et à sa qualité, qui marchaient d’un, air martial, armés d’une épée et d’un petit bouclier rond, assez semblable à la targe des Highlanders, ayant une pointe d’acier au centre. Deux troupes pareilles, conduites chacune par un homme d’un rang élevé, vinrent à se rencontrer au