Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/172

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à l’heure, escortée d’un écuyer, d’un parent, d’un amant, d’un mari, ou bien de deux vigoureux gaillards armés d’épées et de boucliers, lesquels la suivent de près. Mais vous ne faites pas plus attention à moi qu’un autour ne s’occupe d’un papillon.

— Si vraiment, je vous écoute ; mais gardez un peu mon cheval, je vous rejoindrai avant que vous ayez eu le temps de siffler. »

En effet, Adam ne put finir le sermon qui expirait sur sa langue : Roland, au grand étonnement du fauconnier, sauta lestement à bas de son cheval, lui en jeta la bride, et se précipitant dans un de ces passages étroits dont l’entrée est voûtée, et qui aboutissent à la grande rue, il poursuivit la jeune fille à laquelle son compagnon lui avait reproché de faire trop attention, et qui venait de tourner par le passage.

« Sainte Marie ! sainte Madeleine ! saint Benoît ! saint Barnabé ! » s’écria le pauvre fauconnier, qui s’arrêta subitement au milieu de la Canongate, en voyant le jeune homme confié à ses soins courir en vrai fou, à la recherche d’une jeune fille qu’il n’avait jamais vue de la vie, comme le supposait Woodcock. « Saint Satan ! saint Belzébuth ! cela me ferait jurer par les saints et par les diables ! Quelle mouche a piqué l’étourdi ? Que ferai-je pendant ce temps-là ? Il se fera couper la gorge, le pauvre garçon, aussi sûr que je suis né au pied de Rosberry Topping ! Si je pouvais trouver quelqu’un pour garder les chevaux ; mais ils sont aussi fripons ici au nord que dans le comté d’York : qui abandonne la bride abandonne le cheval, comme nous disons. Si j’apercevais seulement un de nos gens : une branche de houx vaudrait un gland d’or ! ou si je voyais seulement un des hommes du régent ; mais laisser mes chevaux à un étranger, je ne le puis ; et me retirer tandis que le garçon est en danger, c’est ce que je ne veux pas. »

Il faut pourtant que nous abandonnions le fauconnier au milieu de sa détresse, pour suivre le jeune homme ardent qui était la cause de sa perplexité.

La dernière partie des sages remontrances d’Adam Woodcock, quoique dans l’intérêt de Roland, avait été, pour ainsi dire, perdue pour lui, parce que, dans une des femmes qui suivaient cette rue, couverte d’un voile de soie noire tel qu’en portent aujourd’hui les dames de Bruxelles, il avait distingué quelque chose qui ressemblait exactement à la taille svelte et à la tournure de Catherine Seyton. Pendant que les graves avis du fauconnier