Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/177

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en s’aventurant dans le château à sa recherche, ou ne se mît en route sans l’attendre. Mais lord Seyton ne lui permit pas de s’échapper si aisément.

« Restez, jeune homme, lui dit-il, et faites-moi connaître votre nom et votre rang. Lord Seyton depuis peu de temps a été plus habitué à se voir abandonné de ses amis qu’à recevoir assistance des étrangers. Mais un changement peut arriver, de telle sorte qu’il ait le bonheur de récompenser ceux qui lui veulent du bien.

— Je me nomme Roland Græme, milord. Je suis en ce moment, en qualité de page, au service de sir Halbert Glendinning.

— Je l’avais bien dit d’abord, s’écria un des jeunes gens ; je gage ma vie que c’est un trait tiré du carquois de l’hérétique : c’est un stratagème, milord, depuis le commencement de cette aventure jusqu’à ce moment même, pour insinuer dans votre confiance quelqu’un de ses espions. Vos ennemis savent former à ce rôle les femmes et les enfants.

— Si vous parlez de moi, c’est une fausseté, s’écria Roland ; personne en Écosse ne pourrait m’apprendre à jouer un rôle aussi infâme.

— Je vous crois, jeune homme, dit lord Seyton : vos coups étaient trop fortement appliqués pour que vous pussiez agir d’intelligence avec ceux qui les recevaient. Croyez-moi pourtant, je m’attendais peu à me voir secourir au besoin par quelqu’un de la maison de votre maître ; et je désirerais connaître quel motif a pu vous engager à embrasser ma cause aux risques de votre vie.

— Sous votre bon plaisir, milord, dit Roland, je pense que mon maître lui-même ne serait pas resté inactif et n’aurait pas vu un homme honorable accablé par le nombre, sans lui prêter le secours de son bras. Telle est du moins la leçon de chevalerie qu’on nous enseignait au château d’Avenel.

— Le bon grain est tombé dans un bon terrain, jeune homme, dit lord Seyton ; mais, hélas ! si vous en agissez avec tant de loyauté, dans ces temps d’infamie où le pouvoir usurpe partout la place du droit, votre vie, mon pauvre ami, ne sera pas de longue durée.

— Qu’elle soit donc courte, dit Roland, pourvu qu’elle soit honorable. Mais à présent, milord, permettez-moi de me recommander à Votre Seigneurie et de prendre congé. Un de mes camarades m’attend dans la rue avec mon cheval.

— Recevez du moins ce présent, jeune homme, » dit lord Sey-