Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/178

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ton en détachant de sa toque la chaîne d’or et le médaillon, « et portez-le pour l’amour de moi. »

Ce ne fut pas sans orgueil que Roland accepta le don. Il l’attacha aussitôt à sa toque, comme il avait vu les nobles porter cet ornement, et renouvelant ses salutations au baron, il sortit de l’antichambre, traversa la cour, et parut dans la rue au moment où Woodcock, piqué et inquiet de son retard, s’était déterminé à laisser là les chevaux à tout événement, pour se mettre à la recherche de son jeune compagnon.

« Quelle grange viens-tu encore de briser[1] ? » s’écria-t-il comme soulagé de le revoir, quoique l’extérieur du jeune homme indiquât qu’il s’était trouvé au milieu d’une scène agitée.

« Ne me faites pas de questions, » dit Roland en sautant gaiement sur son cheval ; « mais voyez combien il faut peu de temps pour gagner une chaîne d’or, » en lui montrant celle qu’il portait.

« Dieu veuille que vous ne l’ayez point dérobée ou emportée par violence ! s’écria le fauconnier ; cependant je ne vois pas comment vous avez pu l’obtenir. Je suis venu ici souvent ; oui, j’y ai même passé des mois entiers, et personne ne m’a donné ni chaîne ni médaillon.

— Vous voyez, répondit le page, que j’en ai gagné une en moins de temps. Mais que votre cœur honnête soit en repos : elle est légitimement gagnée et librement donnée, et non dérobée ni prise de force.

— Ma foi, pends-toi avec ta fanfaronne[2] autour du cou ! Je crois que l’eau refuserait de te noyer, et le chanvre de t’étrangler : tu es congédié comme page de ma maîtresse, pour rentrer comme écuyer de milord ; et pour avoir suivi une jeune demoiselle noble dans quelque grande maison, tu obtiens une chaîne et un médaillon, quand un autre aurait reçu des coups de bâton sur les épaules, si sa poitrine avait échappé au poignard. Mais nous voici en face de la vieille abbaye. Que ton bonheur t’accompagne en traversant cette cour, et de par Notre-Dame ! tu peux affronter toute l’Écosse. » À ces mots, ils arrêtèrent leurs chevaux vis-à-vis

  1. Expression proverbiale, équivalant à : « Quelle nouvelle faute viens-tu de commettre ? » a. m.
  2. Nom donné aux chaînes d’or que portaient les guerriers de ce temps. Ce mot est d’origine espagnole, car la mode de porter ces ornements coûteux était fort suivie par les conquérants du Nouveau-Monde.
    Cette note est traduite de celle de l’auteur anglais. a. m.