Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lent contre l’honneur du baron dont j’ai si long-temps mangé le pain. S’ils sont mes inférieurs, je dis qu’ils en ont menti, et je soutiendrai ce que je dis de mon bâton ; s’ils sont mes égaux, je le dis encore qu’ils en ont menti, et je leur prouverai l’épée à la main, s’ils le veulent ; s’ils sont mes supérieurs… » À ces mots il s’arrêta.

« Continue hardiment, dit le régent ; que ferais-tu si ton supérieur disait quelque chose qui attaquât directement l’honneur de ton maître ?

— Je dirais qu’il est mal de calomnier un homme absent, et que mon maître est en état de rendre compte de ses actions à quiconque le lui demandera bravement face à face.

— Et ce serait bravement parlé ; qu’en pensez-vous, Morton ?

— Je songe que, si ce jeune gaillard ressemble autant à un de nos anciens amis par l’astuce de son caractère qu’il lui ressemble par le front et les yeux, il peut y avoir une grande différence entre ce qu’il pense et ce qu’il dit.

— Et à qui trouverez-vous qu’il ressemble tellement ?

— Au fidèle et loyal Julien Avenel.

— Mais ce jeune homme appartient au territoire contesté.

— Cela peut-être ; mais Julien était bien capable d’aller chasser jusque-là, et il était heureux lorsqu’il avait une belle biche à poursuivre si loin que ce fût.

— Bah ! dit le régent, discours frivole ! Holà ! Hyndman… Seigneur de la curiosité, reconduisez ce jeune homme à son compagnon. Et ayez soin tous deux, » dit-il à Roland, » de vous tenir prêts à vous mettre en route au premier signal. » Puis, lui faisant signe d’un air gracieux de se retirer, il termina l’entrevue.