Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Quelle est votre affaire avec mon compagnon, mon jeune coq de combat ? » dit Woodcock ; voulant venir au secours de son ami, quoiqu’il ne pût s’expliquer comment la vivacité ordinaire et la présence d’esprit de Roland avaient disparu tout à coup.

« Cela ne vous regarde pas, mon vieux coq de perchoir, répliqua le faux page, allez surveiller le vol de votre faucon ; car je devine à votre sac et à votre gant que vous êtes garde-du-corps dans une troupe de milans. »

Comme il riait en parlant ainsi, son rire rappela à Roland d’une manière tellement irrésistible la franche gaieté à laquelle Catherine s’était livrée à ses dépens lors de la première rencontre dans le vieux couvent, que, comprimant avec peine cette exclamation : « De par le ciel ! c’est Catherine Seyton ! » il se contenta de dire : « Je pense, monsieur, que nous ne sommes pas entièrement étrangers l’un à l’autre.

— Il faut donc que nous nous soyons rencontrés dans nos songes, dit le page, et mes jours sont trop bien occupés pour que je me rappelle les pensées de la nuit.

— Ou peut-être pour vous ressouvenir aujourd’hui de ceux que vous pouvez avoir vus la veille ? »

Le faux page à son tour jeta sur Roland un regard de surprise, et répondit : « Je ne comprends pas plus ce que vous voulez dire que mon cheval ne le comprendrait ; si vous cherchez à m’offenser, vous me trouverez aussi disposé à vous répondre que le plus hardi des hommes du Lothian.

— Vous savez bien, dit Roland, quoiqu’il vous plaise de me parler comme un étranger, que je ne puis avoir la moindre envie de me quereller avec vous.

— Laissez-moi donc remplir mon message, et en finir de tout cela. Suivez-moi par-ici, afin que ce vieux gant de cuir ne puisse m’entendre. »

Ils marchèrent vers l’embrasure de la fenêtre que Roland avait quittée à l’entrée du faux page dans l’appartement. Le messager tourna le dos aux personnes présentes, après avoir jeté un coup d’œil rapide et pénétrant autour de lui, pour voir si personne ne les observait. Roland fit la même chose, et le faux page tira de dessous son manteau une épée à lame courte, mais magnifiquement travaillée, dont la poignée et les autres ornements étaient d’argent massif et doré : « Je vous apporte cette arme, dit-il, de la part d’un ami qui vous la donne, sous la condition solennelle