Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/234

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qu’aux derniers de nos huissiers, suivez-nous pour préparer les pompes de notre cour.

À ces mots elle se détourna et se dirigea lentement vers le château. Lady Lochleven croisa les bras, et sourit avec amertume et dépit en la voyant s’éloigner.

« Toute la suite en hommes ! » murmura-t-elle, en répétant les dernières paroles de la reine. « Ah ! plût au ciel que ta suite n’eût jamais été plus nombreuse ! » Puis se tournant vers Roland, à qui elle avait fermé le passage pendant cette pause, elle changea de place pour le laisser passer, lui disant en même temps : « Es-tu déjà aux écoutes ? suis ta maîtresse, mignon ; et répète-lui, si tu veux, ce que je viens de dire. »

Roland Græme se hâta de rejoindre la reine et les dames de sa suite, qui venaient de rentrer par une fausse porte communiquant du château au petit jardin. Ils montèrent un escalier sinueux jusqu’au second étage, qui était en grande partie occupé par une suite de trois chambres, ouvrant l’une dans l’autre, et formant l’appartement de la princesse captive. La première était une petite salle ou antichambre conduisant à un vaste salon, et plus loin se trouvait la chambre à coucher de la reine. Une autre petite chambre donnant dans le salon contenait les lits des deux dames d’honneur.

Roland, comme il convenait à son rang, s’arrêta dans le premier de ces appartements pour y attendre les ordres qui pourraient lui être donnés. D’une fenêtre grillée, il vit débarquer Lindesay, Melville et les gens de leur suite. Il observa qu’ils étaient reçus à la porte du château par un troisième noble, à qui Lindesay cria d’une voix haute et brusque : « Lord Ruthven, vous nous avez devancés. »

À cet instant l’attention du page fut éveillé par des cris convulsifs venus de l’appartement intérieur, et par les exclamations des femmes éplorées : il se précipita dans la seconde chambre pour offrir son secours. En entrant il vit que la reine s’était jetée dans le grand fauteuil placé le plus près de la porte : elle était agitée par d’affreuses convulsions, et semblait à peine respirer. La plus âgée de ses deux dames la soutenait dans ses bras, tandis que la plus jeune lui arrosait alternativement le visage d’eau et de pleurs.

« Hâtez-vous, jeune homme ! » s’écria la première tout alarmée, « courez, appelez du secours ; la reine s’évanouit. »

Mais Marie s’écria d’une voix faible et entrecoupée : « Restez…