Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/342

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Douglas n’a jamais été infidèle à sa foi, et je suis un Douglas. Dis cela, mon cher fils, et c’est tout ce que je te demande pour absoudre ton nom d’une accusation aussi affreuse. Dis que les artifices de ces malheureuses femmes et la fourberie de ce jeune homme préparaient seuls une fuite si fatale à l’Écosse, si dangereuse pour la maison de ton père.

— Madame, dit le vieux Dryfesdale, voici ce que j’ai à dire pour cet imbécile de page ; il n’a pu aider à ouvrir les portes, puisque moi-même je l’ai enfermé cette nuit hors du château. Quel que soit celui qui a projeté cette escapade nocturne, ce garçon paraît y avoir eu peu de part.

— Tu mens, Dryfesdale, répliqua la dame, et tu voudrais jeter le blâme sur la maison de ton maître pour sauver la vie à ce traître artificieux.

— Je désire plutôt sa mort que sa vie, » reprit l’intendant avec humeur, « mais la vérité est la vérité. »

À ces mots Douglas releva la tête, et d’un ton ferme et calme à la fois, comme un homme qui a pris sa résolution : « Que personne ne coure de danger pour moi, s’écria-t-il, c’est moi seul qui ai tout fait.

— Douglas, « dit la reine en l’interrompant, » es-tu fou ? Ne parle pas, je te le défends.

— Madame, » reprit-il en saluant du plus profond respect, « j’obéirais volontiers à vos ordres ; mais il faut une victime à vos ennemis ; et je ne dois pas souffrir qu’ils se méprennent. Oui, madame, continua-t-il en s’adressant à la dame de Lochleven, « je suis seul coupable dans cette affaire. Si la parole d’un Douglas a encore quelque poids pour vous, croyez-moi, ce jeune homme est innocent ; et, sur votre conscience, je vous recommande de ne lui faire aucun mal. Que la reine ne souffre pas non plus pour avoir saisi l’occasion de délivrance qu’une loyauté sincère, qu’un sentiment encore plus profond lui offrait. Oui ! j’avais projeté la fuite de la plus belle et de la plus indignement persécutée des femmes, et loin de regretter d’avoir, pendant un temps, trompé la malice de ses ennemis, je m’en fais gloire, et je suis prêt à donner ma vie pour défendre sa cause.

— Puisse Dieu consoler ma vieillesse, s’écria la dame de Lochleven, et m’aider à supporter ce fardeau d’affliction ! Ô princesse ! née dans une heure malheureuse, quand cesserez-vous d’être l’instrument de la séduction et de la ruine de tous ceux qui vous