Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/368

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Il éleva un peu la voix en disant ces mots, pour instruire les dames du rôle qu’elles avaient à remplir, et peut-être aussi dans le désir de faire entendre à Catherine la plaisanterie qu’il avait faite en assignant ainsi les emplois.

Il faut que j’entre dans la chambre de la reine, dit la dame de Lochleven ; il s’agit d’une affaire importante. »

Comme elle avançait vers la porte, on entendit la voix de Catherine dans l’appartement : « Personne ne peut entrer ici, la reine dort.

— Il ne faut pas me résister, ma jeune miss, reprit la dame de Lochleven ; je sais qu’il n’y a pas de barre à l’intérieur, et j’entrerai malgré vous.

— Il n’y a effectivement pas de barre, » dit Catherine avec fermeté, mais il y a les crochets où cette barre devrait être, et mon bras la remplace : c’est ce qu’a fait une femme de vos ancêtres quand, employant mieux son temps que les Douglas d’aujourd’hui, elle a défendu l’entrée de la chambre de sa souveraine aux assassins. Essayez donc votre force, et voyez si une Seyton ne peut rivaliser en courage avec une fille de la maison de Douglas.

— Je n’ose tenter le passage à un tel risque, se dit la dame de Lochleven ; il est étrange que cette princesse, malgré le juste blâme qui se rattache à elle, conserve autant d’ascendant sur l’âme de ses suivantes ! Jeune fille, je te jure sur l’honneur que je viens pour l’avantage et la sûreté de la reine. Éveille-la si tu l’aimes, et sollicite sa permission pour que j’entre ; je me retirerai de la porte pendant ce temps.

— Vous n’allez pas éveiller la reine ? demanda la dame Fleming.

— Quel choix nous reste-t-il ? dit la jeune fille ; à moins que vous n’aimiez mieux attendre que la dame de Lochleven vienne remplir elle-même notre office. Son accès de patience ne durera pas long-temps ; il faut que la reine soit prévenue.

— Mais vous ramènerez la crise de la reine en la dérangeant ainsi.

— À Dieu ne plaise ! reprit Catherine ; toutefois, s’il en était ainsi, il faut que cette crise passe pour un effet du poison. Mais j’en augure mieux ; et la reine, en s’éveillant, saura prendre une résolution. Pour vous, chère lady Fleming, tâchez de paraître aussi triste, aussi lourde que le permettra la vivacité de votre esprit. »

Catherine s’agenouilla près du lit de la reine, et, baisant sa