Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/103

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mes bons voisins, et consolons-nous en songeant que nous méritons une pareille faveur de la part de Sa Majesté. »

Cependant Varney, suivi de près par son nouveau serviteur, s’avançait à travers l’antichambre, où des personnages plus notables que ceux qu’il avait laissés dans la cour attendaient la sortie du comte, qui était encore dans sa chambre. Tous firent leur cour à Varney, avec plus ou moins de déférence, suivant leur rang, ou l’urgence de l’affaire qui les amenait au lever du noble lord. À la question générale : « Quand milord paraîtra-t-il, monsieur Varney ? » celui-ci faisait de courtes réponses, comme par exemple : « Ne voyez-vous pas mes bottes ? J’arrive d’Oxford, et je n’en sais rien. » Mais la même question lui ayant été faite d’un ton plus élevé par un personnage de plus d’importance : « Je vais le demander au chambellan, sir Thomas Copely. » Le chambellan, que distinguait sa clef d’argent, répondit que le comte n’attendait que le retour de M. Varney pour descendre, mais qu’il voulait auparavant causer avec lui dans son cabinet. Varney salua donc la compagnie et en prit congé pour entrer dans l’appartement de son maître.

Il y eut pendant quelques minutes un murmure d’attente, qui cessa enfin quand les battants d’une porte située au fond de la salle s’ouvrirent, et que le comte entra précédé par son chambellan et par l’intendant de sa maison et suivi de Richard Varney. Son noble maintien et ses nobles traits n’avaient rien de cette insolence qui éclatait chez ses serviteurs ; ses politesses, il est vrai, étaient proportionnées au rang de la personne à qui elles étaient adressées ; mais le plus mince individu de ceux qui étaient présents avait part à ses gracieuses attentions. Les informations qu’il prit au sujet de l’état du château, sur les droits de la reine, sur les avantages et les charges que pouvait occasionner son séjour dans sa résidence royale de Woodstock, semblaient prouver qu’il avait examiné attentivement le contenu de la pétition des habitants, et qu’il avait à cœur de servir leurs intérêts locaux.

« Maintenant, que le Seigneur bénisse sa noble personne ! » dit le bailli, qui s’était glissé dans la salle de réception : « il a le visage un peu pâle ; je gagerais qu’il a passé toute la nuit à parcourir notre mémoire. Maître Toughyarn, qui a mis six mois à le rédiger, disait qu’il faudrait une semaine pour le comprendre ; voyez si le comte n’en a pas saisi la substance en vingt-quatre heures ! »

Le comte les assura qu’il engagerait la reine à honorer quelquefois Woodstock de ses visites, dans ses tournées royales, afin que