Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/129

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vre vieux fou s’est donné bien de la peine pour m’apprendre tout ce qu’il a pu. Mais assez causé, nous voici arrivés à la forge de Wayland Smith.

— Vous voulez rire, mon petit ami, je ne vois ici qu’un marais désert, et ce cercle de pierres au milieu desquelles s’en élève une plus grande, comme un porc de Cornouailles.

— Sans doute ! et cette grosse pierre qui s’élève au-dessus des autres est le comptoir du maréchal sur lequel vous devez déposer votre argent.

— Que signifie une pareille folie ? » demanda le voyageur, qui commençait à prendre de l’humeur contre Dickie, et à se repentir de s’être confié à un guide aussi étourdi.

« Eh bien ! reprit l’enfant en faisant une grimace, il faut attacher votre cheval à l’anneau qui tient à cette pierre, siffler trois fois, placer votre argent sur cette autre pierre plate, sortir du cercle, vous asseoir derrière ce buisson, et rester dix minutes sans regarder à droite ni à gauche, c’est-à-dire tant que vous entendrez battre le marteau. Quand il aura cessé de battre, dites vos prières l’espace de temps que vous mettriez à compter cent, ou comptez jusqu’à cent, ce qui sera tout aussi bien ; après quoi vous entrerez dans le cercle et vous trouverez votre argent parti et votre cheval ferré.

— Mon argent parti ! je n’en doute pas ; mais quant au reste… Écoutez-moi, mon garçon, je ne suis pas votre maître d’école ; mais si vous me prenez pour le plastron de vos malices, je me chargerai d’une partie de ses fonctions, et je vous châtierai d’importance.

— Oui, si vous pouvez m’attraper, » dit le marmot, et sur-le-champ il se mit à courir avec une vitesse qui rendit inutiles les efforts que Tressilian, dont la course était gênée par la lourdeur de ses bottes, faisait pour l’atteindre. Ce qu’il y avait de plus insultant dans la conduite de ce petit drôle, c’est qu’il n’usait pas de toute son agilité comme quelqu’un qui est en danger ou qui est effrayé, mais il modérait sa course suffisamment pour encourager Tressilian à le poursuivre ; puis quand celui-ci se croyait près de l’atteindre, il se sauvait avec la rapidité du vent en faisant mille détours, de manière à ne pas s’éloigner du point d’où il était parti.

Ce manège dura jusqu’au moment où Tressilian, excédé de fatigue, fut forcé de s’arrêter. Il allait renoncer à sa poursuite en maudissant de bon cœur le vilain marmot qui l’avait engagé dans un exercice si ridicule ; mais l’enfant, qui était venu se planter, comme