Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/137

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demi-part dans la société ; je léguai à mes camarades mon clinquant, mes brodequins et ma garde-robe et je montrai les talons au théâtre.

— Fort bien ; mais que devîntes-vous ensuite ?

— Je devins moitié associé, moitié domestique d’un homme riche de science, mais pauvre d’argent, qui faisait le métier de médecin.

— En d’autres termes, dit Tressilian, tu étais le paillasse d’un charlatan.

— Quelque chose de plus, s’il vous plaît, mon bon monsieur Tressilian ; car, pour dire la vérité, notre pratique était d’une nature fort hasardeuse, et les remèdes que j’avais appris à connaître dans mes premières études pour les appliquer aux chevaux, servaient souvent aux hommes qui tombaient entre nos mains. Mais les germes de toutes les maladies sont les mêmes, et si la térébenthine, le goudron, la poix et le suif, mêlés avec du curcuma, de la gomme et une gousse d’ail, peuvent guérir un cheval qui a été blessé par un clou, je ne vois pas pourquoi la même chose n’opérerait pas de la même manière sur un homme qui a été blessé d’un coup d’épée. Cependant la science de mon maître s’étendait plus loin que la mienne et embrassait des matières plus délicates. Ce n’était pas seulement un hardi praticien en médecine, mais encore, le cas échéant, un adepte qui lisait dans les astres et prédisait aux gens ce qui devait leur arriver, par le moyen de la généthliologie, ou de toute autre manière. Profond chimiste, il savait distiller les simples, avait fait plusieurs essais pour fixer le mercure, et se croyait bien près de trouver la pierre philosophale. J’ai encore un programme de lui sur ce sujet, et si vous le comprenez, monsieur, c’est que vous en savez plus long non seulement que tous ceux qui l’ont lu mais même que celui qui l’a écrit. »

Il remit alors à Tressilian un rouleau de parchemin où étaient tracés en haut, en bas, et sur les marges, les signes des sept planètes soigneusement entremêlés de caractères talismaniques arabes, grecs et hébreux. Au milieu étaient quelques vers latins, d’un auteur cabalistique, écrits si nettement que l’obscurité du lieu n’empêcha nullement Tressilian de les lire. Voici quelle était la teneur de cette composition originale :

« Si fixum solvas, faciasque volare solutum,
Et volucrem figas, facient tevicere tutum ;
Si pariat ventum, ralet auri pondere centum.
Ventus ubi vult spirat… Capiat qui capere potest

[1].

  1. Si, après avoir dissous un corps fixe, tu le fais évaporer, et qu’ensuite tu con denses ce corps volatilisé, cela te fera vivre long-temps en bonne santé ; si le composé produit du vent, cela vaudra cent pièces d’or. L’esprit souffle où il veut… Comprenne qui pourra. a. m.