Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/140

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protesta de son dévouement à son nouveau maître. En peu de minutes il y eut une telle métamorphose dans son air extérieur, tant par le changement de ses vêtements que par l’arrangement de sa barbe et de sa chevelure, que Tressilian ne put s’empêcher d’observer qu’il n’avait guère besoin de protecteur, vu qu’aucune de ses anciennes connaissances ne pourrait le reconnaître maintenant.

« Mes débiteurs ne voudraient pas me payer, » dit Wayland en hochant la tête, « mais mes créanciers de toute espèce ne seraient pas aussi faciles à aveugler ; et, en vérité, je ne me croirais pas en sûreté si je n’étais sous la protection d’un homme de votre naissance et de votre rang.

En disant ces mots il sortit de la caverne avec Tressilian. Il appela ensuite à haute voix le petit lutin qui, après avoir tardé un instant à monter, parut avec des harnais. Wayland ferma alors et couvrit avec soin la trappe, en observant qu’elle pourrait un jour lui être encore utile, et que d’ailleurs les ustensiles avaient quelque valeur. Un coup de sifflet fit venir de lui-même près de lui un cheval qui paissait tranquillement dans le voisinage, et qui était accoutumé à répondre à ce signal. Tandis qu’il le sellait, Tressilian sanglait le sien, et au bout de quelques minutes ils furent tous les deux prêts.

Dans ce moment Sludge s’approcha pour leur dire adieu.

« Vous allez donc me quitter, mon ancien camarade de tours, dit l’enfant, et nous n’aurons plus le plaisir de rire de la frayeur de ces poltrons de paysans que j’amenais ici pour faire ferrer leurs chevaux par le diable et ses suppôts !

— C’est comme cela, dit Wayland, il faut que les meilleurs amis se quittent, Flibbertigibbet ; mais, mon garçon, sois-en sûr, tu es la seule chose que je regrette de laisser derrière moi dans la vallée de White-Horse.

— Pourtant je ne vous dis pas adieu, dit Richard Sludge, car vous assisterez sans doute à ces belles fêtes, et j’y viendrai aussi ; oui, si Domine Holyday ne m’y mène pas, par la lumière du ciel que je n’ai jamais vue éclairer ce souterrain, je m’y rendrai tout seul.

— À la bonne heure, dit Wayland ; mais, je t’en prie, ne fais pas de folie.

— Bon ! vous voudriez me traiter comme un enfant ordinaire, et me faire sentir le danger de marcher sans lisières. Mais avant que vous soyez à un mille de ces pierres, vous apprendrez, à n’en plus