Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/154

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Hugh, principalement à cause de sa profonde érudition qui, bien qu’elle ne se rapportât qu’aux sciences héraldique et généalogique, renforcées des bribes d’histoire qui se lient à de pareils sujets, était précisément ce qu’il fallait pour captiver le bon chevalier. En outre, il trouvait commode d’avoir près de lui un ami qu’il pût appeler à son aide lorsque sa mémoire lui faisait faute, comme il arrivait souvent, ou quand elle l’induisait en erreur sur les noms et sur les dates que M. Mumblazen rétablissait avec toute la brièveté et la discrétion convenables. Et puis, dans les affaires ordinaires du monde, il donnait souvent, dans son style énigmatique et héraldique, des avis qui méritaient d’être suivis ; comme disait Will Badger, il faisait partir le gibier, tandis que les autres battaient les buissons.

« Nous avons mené une vie bien triste avec le bon chevalier, monsieur Edmond, dit le ministre ; je n’ai jamais autant souffert depuis que j’ai été obligé de quitter mon troupeau chéri et de l’abandonner aux loups de l’Église romaine.

— Ce fut in tertio Mariœ, dit M. Mumblazen.

— Au nom du ciel, continua le ministre, dites-nous si votre temps a été mieux employé que le nôtre, et si vous avez des nouvelles de cette malheureuse jeune fille qui, après avoir été pendant tant d’années la joie de cette maison déchue, est maintenant pour elle la cause de la plus grande infortune. N’avez-vous pas du moins découvert le lieu de sa résidence ?

— Je l’ai découvert, répondit Tressilian ; connaissez-vous Cumnor-Place près d’Oxford ?

— Sans doute, répliqua le ministre ; c’était un lieu de retraite pour les moines d’Abingdon.

— Dont, dit Mumblazen, j’ai vu les armes au dessus d’une cheminée en pierre dans la salle : une croix entre quatre merlettes.

— C’est là que réside cette infortunée jeune fille avec l’infâme Varney. Sans un étrange contre-temps, mon épée eût vengé toutes nos injures, en même temps que toutes celles d’Amy, sur cette indigne tête.

— Remercie Dieu, téméraire jeune homme, de ce qu’il a préservé ta main de verser le sang. C’est à moi qu’appartient la vengeance, a dit le Seigneur, et c’est moi qui l’exercerai. Il serait mieux de chercher à la délivrer des liens de l’infamie dans lesquels la retient ce misérable.

— Ce qu’on nomme, en termes héraldiques, laquei amoris ou lacs d’amour, dit Mumblazen.