Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/245

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ter à la tentation, revint promptement sur ses pas, et but un autre coup dans le flacon même, sans se donner la peine de prendre un verre.

« Si ce n’était cette maudite habitude, dit-il, je pourrais m’élever aussi haut que Varney lui-même : mais qui peut monter quand la chambre tourne autour de lui comme la pointe du clocher de la paroisse ? Je voudrais que la distance fût plus grande, et la route plus difficile de ma main à ma bouche. Mais je ne boirai rien demain, rien que de l’eau… de l’eau pure. »




CHAPITRE XIX.

COMMÉRAGES.


Pistol. J’apporte des nouvelles, de joyeuses, de précieuses nouvelles.

Falstaff. Je t’en prie, dis-nous-les comme à des gens de ce monde.

Pistol. Foin du monde et de ses vils habitants ! Je parle de l’Afrique et de joies d’or.

Shakspeare. Henri IV, part. II, acte V, scène 3.


La grande salle de l’Ours-Noir à Cumnor, dans laquelle nous ramène le cours de notre histoire, pouvait se vanter de contenir le soir du jour dont il est question ici une réunion d’hôtes peu ordinaire. Il y avait une foire dans le voisinage, et le sémillant mercier d’Abingdon, et quelques autres personnages que le lecteur connaît déjà comme les amis et les pratiques de Giles Gosling, avaient déjà formé leur cercle accoutumé autour du feu et causaient des nouvelles du jour.

Un individu vif, remuant, ayant tout l’air d’un franc espiègle, et que sa balle et son aune de bois de chêne, garnie de pointes de cuivre, faisaient reconnaître pour un homme de la profession d’Autolycus[1], occupait presque toujours à lui seul l’attention de la compagnie, et contribua puissamment aux amusements de la soirée. On doit se souvenir que les colporteurs de cette époque étaient des hommes d’une bien autre importance que les colporteurs dégradés

  1. Nom d’un colporteur qui figure dans la pièce de Shakspeare intitulée le Conte d’hiver. a. m.