Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/275

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pagné le matin son maître à la cour, et dont l’éclat contrastait singulièrement avec le désordre produit par un voyage rapide au milieu d’une nuit obscure, et par de mauvais chemins. Son front avait une expression inquiète et embarrassée, comme celui d’un homme chargé d’annoncer des nouvelles qu’il doute de voir bien accueillies, et qui, cependant, est accouru en toute hâte, pressé par la nécessité de les communiquer. La comtesse, dans son anxiété, prit aussitôt l’alarme, et elle s’écria : « Vous m’apportez des nouvelles de milord, monsieur Varney ?… Ciel ! serait-il malade ?

— Non, madame, grâce au ciel ! répondit Varney ; calmez-vous, et permettez-moi de reprendre haleine avant de vous communiquer les nouvelles que j’apporte.

— Non, monsieur, » répliqua la comtesse avec impatience ; « je connais vos artifices de théâtre. Puisque votre haleine a suffi pour vous conduire jusqu’ici, elle vous suffira bien encore pour me dire, au moins sommairement, ce qui vous amène.

— Madame, répondit Varney, nous ne sommes pas seuls, et le message de milord ne doit être entendu que de vous seule.

— Laissez-nous, Jeannette et Foster, dit la comtesse ; mais restez dans la pièce voisine et à portée de ma voix. »

Foster et sa fille se retirèrent, en conséquence de l’ordre de lady Leicester, dans la pièce voisine, qui était le salon. La porte qui communiquait à la chambre à coucher fut soigneusement fermée au verrou, et le père ainsi que sa fille demeurèrent tous deux dans l’attitude d’une inquiète attention ; le premier avec un air sombre et soupçonneux, et Jeannette, les mains jointes, partagée entre le désir de connaître le sort de sa maîtresse, et les prières qu’elle adressait au ciel pour qu’il la protégeât. Foster paraissait lui-même avoir quelque idée de ce qui se passait dans l’esprit de sa fille, car il traversa l’appartement et lui prit la main avec sollicitude en lui disant : « C’est bien ! prie, Jeannette, prie… nous avons besoin de prières, et quelques-uns de nous plus que d’autres. Prie, Jeannette : je prierais moi-même ; mais je dois écouter ce qui se passe là-dedans. Quelque événement nous menace, ma fille ; il se prépare quelque chose de fâcheux. Dieu nous pardonne nos péchés ! mais l’arrivée soudaine de Varney ne nous présage rien de bon. »

Jeannette n’avait, jusqu’alors, jamais entendu son père l’exciter, ou même l’autoriser à faire attention à ce qui pouvait se passer dans leur mystérieux séjour, et maintenant elle ne savait pourquoi sa voix retentissait à son oreille comme celle du hibou qui présage