Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/284

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immortelle et indestructible quintessence de l’or, qui entre dans toutes les substances de la nature, quoique sa secrète existence ne puisse être découverte que par celui à qui Trismégiste remit la clef de la cabale.

— Voilà un serment conditionné, dit Varney ; Foster, tu serais pire qu’un païen si tu n’y croyais pas. D’ailleurs tu peux m’en croire, moi qui ne jure que par ma simple parole ; si tu ne te montres pas accommodant, il n’y a pas d’espoir, pas la moindre lueur d’espoir que ton bail soit changé en un titre de propriété. Ainsi, Alasco n’opérera pas la transmutation de ton étain en bel or, et moi, honnête Antony, je te laisserai confiné dans tes fonctions de fermier.

— Je ne sais, messieurs, où tendent vos desseins, mais il est une chose à laquelle je suis résolu… Quoi qu’il arrive, je veux avoir ici quelqu’un qui puisse prier pour moi, et ce sera ma fille… J’ai mal vécu, j’ai trop aimé le monde, mais ma fille est aussi innocente aujourd’hui que lorsqu’elle était sur les genoux de sa mère ; elle, du moins, aura une place dans cette cité bienheureuse dont les murailles sont d’or pur et les fondements enrichis de toutes espèces de pierres précieuses.

— Oui, Tony, ce serait un paradis selon les désirs de ton cœur… Débattez la question avec lui, docteur Alasco ; je viendrai vous retrouver tout à l’heure. »

En disant ces mots Varney se leva, prit le flacon qui était sur la table, et quitta la chambre.

« Je te proteste, » dit Alasco à Foster aussitôt que Varney les eut laissés seuls, « que, malgré ce que peut dire cet audacieux et éhonté railleur de la grande science, dans laquelle, grâce au ciel, je suis avancé au point que, parmi les plus savants artistes de l’époque il n’en est aucun que je voulusse reconnaître pour mon maître et pour mon égal ; que, malgré les railleries de ce réprouvé contre des choses trop saintes pour être comprises par des hommes occupés uniquement de pensées charnelles et coupables, il est de toute certitude que la cité aperçue par saint Jean dans sa brillante vision de l’Apocalypse, que cette nouvelle Jérusalem, dans laquelle tout chrétien peut espérer d’entrer, nous promet d’une manière typique la découverte du grand secret par lequel les œuvres les plus précieuses et les plus parfaites de la nature peuvent être extraites des matières les plus viles et les plus grossières ; absolument de même que le léger et brillant papillon sort de l’enveloppe d’une immonde chrysalide.