Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/305

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sez sotte mine, comme c’est l’ordinaire dans le cas où leur assistance n’est point nécessaire.

Wayland et la comtesse s’arrêtèrent comme par curiosité, puis, tout doucement, sans faire aucune question, et sans qu’on leur demandât rien, ils se mêlèrent à la troupe, comme s’ils en eussent toujours fait partie.

Il n’y avait pas plus de cinq minutes qu’ils étaient là, cherchant à s’écarter de la route le plus possible, et de manière à placer les autres voyageurs entre eux et Varney, lorsque l’écuyer de lord Leicester, suivi de Lambourne, commença à descendre la colline à toute bride ; les flancs de leurs chevaux et les molettes de leurs éperons portaient les marques sanglantes de la rapidité de leur course. Ce groupe arrêté autour de la cabane, ces individus vêtus de surtouts de bougran pour cacher leur costume de théâtre, leur charrette destinée à transporter leurs décorations, et une foule d’objets bizarres qu’ils tenaient à leur main pour les ménager davantage, tout cela eut bientôt mis nos cavaliers au fait du caractère et des projets de cette réunion.

« Vous êtes des comédiens qui vous rendez à Kenilworth ? dit Varney.

Recte quidem, domine spectatissime[1], répondit un personnage de la bande.

— Et pourquoi diable vous arrêtez-vous ici, dit Varney, lorsque, en faisant toute la diligence possible, vous arriverez à peine à temps à Kenilworth ? La reine dîne demain à Warwick, et vous vous amusez ici, fainéants ?

— En vérité, monsieur, » dit un petit homme qui portait un masque orné d’une grande paire de cornes de bel écarlate, une jaquette de serge noire étroitement lacée autour de son corps, des bas rouges, et des souliers qui, par leur forme, imitaient un pied fourchu ; « en vérité, monsieur, vous avez parfaitement raison. C’est mon père le diable, qui, se trouvant pris du mal d’enfant, nous a arrêtés dans notre marche pour augmenter notre troupe d’un diablotin de trop.

— Il a le diable au corps ! » répondit gaîment Varney, dont le rire n’allait jamais au delà d’un sourire malin.

« Ce que dit le jeune homme est exact, » ajouta le masque qui avait parlé le premier ; « notre diable major, car celui-ci n’est que

  1. Cela est vrai, respectable monsieur. a. m.