Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/313

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portait à Leicester, elle ajouta : « Quant à Tressilian, cela ne se peut… Ne prononcez pas devant lui mon malheureux nom, je vous le recommande ; cela ne ferait que doubler mes malheurs, et l’entraîner, lui, dans des dangers qu’il serait au dessus de son pouvoir d’éviter. » Elle s’arrêta ; mais quand elle aperçut que Wayland continuait à la regarder avec cette expression inquiète et incertaine qui indiquait des doutes sur l’état de son esprit, elle prit un air froid et ajouta : « Guide-moi seulement jusqu’au château de Kenilworth, brave homme, et ta tâche sera terminée ; car alors je verrai ce que j’aurai à faire. Tu m’as servie fidèlement jusqu’ici ; voici quelque chose qui te dédommagera amplement de ta peine.

Elle offrit à l’artiste une bague enrichie d’une pierre de grand prix. Wayland la regarda, hésita un moment et la rendit. « Ce n’est pas, madame, que je me considère comme au-dessus de vos bontés, n’étant qu’un pauvre diable qui a été forcé, Dieu le sait ! de vivre par des moyens au-dessous des bienfaits d’une personne telle que vous. Mais comme mon ancien maître le maréchal-ferrant avait coutume de le dire à ses pratiques : « Point de cure, point de salaire. » Nous ne sommes pas encore à Kenilworth, et vous serez assez à temps pour vous acquitter envers votre guide, lorsque, comme on dit, vous en serez au débotté. Puissiez-vous être aussi assurée d’être accueillie convenablement à votre arrivée à Kenilworth que vous pouvez être certaine de mes efforts pour vous y amener à bon port. Je vais seller nos chevaux : pourtant permettez-moi de vous supplier encore une fois, et comme votre pauvre médecin et comme votre guide, de prendre quelque nourriture.

— Je le ferai… je le ferai… » dit la comtesse avec vivacité. « Allez, allez sur-le-champ… » « C’est en vain que je veux montrer de l’assurance, » dit-elle quand Wayland eut quitté la chambre, « ce pauvre garçon lui-même, à travers mon courage affecté, mesure l’étendue de mes craintes. »

Elle essaya alors de suivre les avis de son guide, en prenant un peu de nourriture ; mais elle fut forcée d’y renoncer, car l’effort qu’elle fit pour avaler le premier morceau lui fit tant de mal, quelle faillit en être suffoquée. Un moment après, les chevaux parurent sous la fenêtre. La comtesse monta sur le sien, et le grand air ainsi que le mouvement lui procurèrent le soulagement qu’on en éprouve souvent en pareil cas.

Il fut très heureux pour les projets de la comtesse que Wayland Smith, à qui sa vie errante et aventurière avait appris à connaître