Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/325

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ques données dans cette enceinte, était élevée sur le côté nord de la tour extérieure à laquelle elle donnait son nom. Nos voyageurs traversèrent lentement le pont ou champ clos, et arrivèrent à l’extrémité opposée, sous la Tour de Mortimer qui les conduisit dans la cour extérieure du château. La Tour de Mortimer portait sur son fronton l’écusson du comte de Marck, dont l’audacieuse ambition renversa le trône d’Édouard II et aspira à partager son pouvoir avec la louve de France[1], dont cet infortuné monarque était l’époux. La porte au-dessus de laquelle s’élevait cet écusson de sinistre présage était gardée par des hommes vêtus de riches livrées ; mais ils ne mirent aucune opposition à l’entrée de la comtesse et de son guide qui, maintenant que le portier principal les avait laissés passer, ne pouvaient raisonnablement être arrêtés par ces subalternes. Ils entrèrent donc en silence dans la grande cour extérieure du château, d’où ils purent voir, dans toute son étendue, ce vaste et magnifique monument avec ses tours majestueuses. Toutes les portes en étaient ouvertes en signe d’une hospitalité illimitée, et les appartements remplis d’hôtes, de nobles hôtes de tout rang, ainsi que de serviteurs de toute espèce et de gens qui venaient contribuer aux joies de la fête.

Au milieu de cette scène pompeuse, Wayland arrêta son cheval et regarda la comtesse, comme pour lui demander ce qu’il avait à faire maintenant qu’ils étaient arrivés heureusement au lieu de leur destination. Comme elle demeurait silencieuse, Wayland, après avoir attendu quelques minutes, se hasarda à lui demander, d’une manière directe, quels ordres elle avait à lui donner actuellement. Elle porta la main à son front comme pour se recueillir et se donner du courage, et en même temps répondit d’une voix basse et étouffée, semblable au murmure d’une personne qui parle dans un rêve : « Des ordres ! je puis en effet prétendre à en donner, mais qui voudra m’obéir ici ? »

Alors relevant tout-à-coup sa tête comme une personne qui a pris une résolution décisive, elle s’adressa à un domestique richement vêtu, qui traversait la cour d’un air important et affairé : « Arrêtez, monsieur, lui dit-elle, je désire parler au comte de Leicester.

— À qui, s’il vous plaît ? » dit le valet surpris de cette demande ; et jetant les yeux sur le triste équipage de celle qui lui parlait avec un pareil ton d’autorité, il ajouta avec insolence : « Bon ! quelle

  1. Isabelle, fille de Philippe-le-Bel. a. m.