Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

proximité des endroits où les appelaient les devoirs de leurs charges ; mais à l’étage supérieur, auquel on montait par un petit escalier tournant, était une petite chambre qui, à cause de la rareté des logements, avait été arrangée dans cette circonstance pour recevoir quelque hôte, quoiqu’elle passât généralement pour avoir jadis servi de prison à un malheureux qui y avait été assassiné. La tradition appelait ce prisonnier Mervyn, et après sa mort son nom était passé à la tour. Que ce lieu eût servi de prison, la chose n’était pas invraisemblable ; car le plafond de chaque étage était voûté, les murs étaient d’une épaisseur formidable, et l’étendue de la chambre n’excédait pas quinze pieds carrés. La fenêtre, quoique étroite, offrait une vue agréable : elle donnait sur un endroit délicieux, appelé la Plaisance, espace de terrain clos de murs, décoré d’arcades, de trophées, de statues, de fontaines, et d’autres ornements d’architecture, qui servait de passage pour se rendre du château dans le jardin. Il y avait un lit dans l’appartement, et tout ce qu’il fallait pour recevoir un hôte ; mais la comtesse ne fit que peu d’attention à tout cela, ses regards s’étant sur-le-champ arrêtés sur d’autres objets placés sur une table, et qu’on trouvait rarement dans les chambres à coucher de cette époque, nous voulons dire les objets nécessaires pour écrire. Cette circonstance lui donna aussitôt l’idée d’écrire à Leicester, et de rester enfermée jusqu’à ce qu’elle eût reçu sa réponse.

Après les avoir introduits dans ce commode appartement, l’huissier en second demanda poliment à Wayland, dont il avait éprouvé la générosité, s’il pouvait faire encore quelque chose pour leur service. Wayland lui ayant insinué que quelques rafraîchissements ne seraient point de refus, il conduisit sur-le-champ le maréchal à l’office, où des provisions de toute espèce étaient préparées et distribuées à tous ceux qui en demandaient. Wayland se pourvut, en un instant, de quelques aliments légers, qu’il crut devoir convenir le mieux à l’estomac affaibli de la comtesse ; mais en même temps il ne s’oublia pas, et fit à la hâte un repas d’une nature un peu plus substantielle. Il retourna ensuite à l’appartement de la tour, où il trouva la comtesse qui venait de finir sa lettre à Leicester, et qui, à défaut de cachet et de fil de soie, l’avait entourée d’une tresse de ses beaux cheveux assujettis de ce qu’on appelait un nœud d’amour.

« Mon bon ami, dit-elle à Wayland, toi que le ciel a envoyé à mon aide dans le moment le plus critique de ma vie, je te demande