Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/360

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« Tel fut, dit le greffier de la chambre du conseil, l’éclat des dais enflammés, la lueur des étoiles étincelantes, les pluies de feu, les torrents d’étincelles ardentes, les éclairs de feu grégeois, les éclats de la foudre qui se succédaient avec une rapidité et une violence effrayante, que le ciel gronda, les eaux se soulevèrent, et la terre en tressaillit. Et quant à moi, tout hardi que je suis, j’en éprouvai une frayeur mortelle[1]. »




CHAPITRE XXXI.

LA PROMESSE FATALE.


Vraiment c’est une affaire digne du mois de mars, où les lièvres sont le plus fous. Mettez de la raison dans vos paroles, et que la passion soit remplacée par des arguments calmes, ou je dissous ma cour.
Beaumont et Fletcher.


Notre but n’est nullement de raconter en détail les fêtes somptueuses de Kenilworth à la manière de maître Robert Lancham, que nous avons cité à la fin du chapitre dernier. Qu’il nous suffise de dire que ce fut pendant qu’on tirait les magnifiques feux d’artifice pour la description desquels nous avons eu recours à l’éloquence de Lancham, que la reine entra dans la cour de Kenilworth par la tour de Mortimer, et, s’avançant au milieu d’un cortège de dieux du paganisme et de héros de l’antiquité, qui lui offraient des présents et des hommages en ployant le genou, elle parvint enfin à la grande salle du château, qu’on avait ornée, pour la recevoir, des plus riches tentures de soie, et où l’on voyait briller une multitude

  1. Voyez la relation de Lancham, des fêtes données à la reine au château de Kenilworth en 1575, opuscule très amusant, écrit par le plus grand fat qui ait jamais barbouillé du papier. L’original est extrêmement rare ; cependant il a été réimprimé deux fois : la première dans la collection très curieuse et très intéressante que M. Nichols nous a donnée des marches, voyages et processions publiques de la reine Élisabeth, volume Ier ; et la seconde, plus récemment, dans le 1er numéro d’un ouvrage intitulé Kenilworth décrit, magnifiquement imprimé à Chiswick pour Meridaw de Coventry et Radcliff de Birmingham, ouvrage qui, s’il est continué avec le goût et le soin qu’on y a apportés jusqu’ici, sera une des plus belles publications en fait d’antiquité qui aient paru depuis long-temps.