Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/381

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CHAPITRE XXXIII.

ATTENTE TROMPÉE.



Voici la victime… Plus loin le cruel ravisseur… Semblable au faon abattu par des chiens avides, elle est étendue aux pieds du chasseur, qui offre avec courtoisie à quelque haute dame, la Diane de la chasse, et dont il attend une récompense, sa tranchante épée pour renfoncer dans sa gorge palpitante.
Le Bûcheron.


Revenons maintenant à la tour de Mervyn, dans l’appartement ou plutôt la prison de la malheureuse comtesse de Leicester, qui, pendant quelque temps, sut contenir son impatience et son inquiétude. Elle comprenait que, dans le tumulte d’un tel jour, sa lettre pourrait éprouver quelques délais avant d’être remise entre les mains de Leicester, et qu’il s’écoulerait peut-être encore quelque temps avant qu’il pût s’arracher aux devoirs qu’il lui fallait nécessairement remplir auprès d’Élisabeth pour venir la trouver dans son asile secret. « Je ne dois pas l’attendre avant la nuit, se dit-elle, il ne pourra s’éloigner de la reine, même pour venir me voir ; je sais bien qu’il viendra plus tôt si cela lui est possible ; mais je ne dois pas l’attendre avant la nuit. » Et cependant elle ne fut pas un instant sans être dans l’attente, et tandis qu’elle tâchait de se persuader le contraire, au moindre bruit elle croyait entendre Leicester montant l’escalier pour venir la serrer dans ses bras.

La fatigue corporelle qu’Amy venait si récemment d’éprouver, jointe à l’agitation d’esprit si naturelle à un état d’incertitude aussi cruelle, commençait à affecter fortement ses nerfs : elle craignit presque de se trouver totalement incapable de conserver assez d’empire sur elle-même pour supporter les épreuves auxquelles elle pouvait être réservée : mais, quoique gâtée par un système d’éducation trop indulgent, Amy avait naturellement une grande force d’âme unie à une constitution que l’habitude qu’elle avait prise de partager avec son père l’exercice de la chasse avait rendue saine et vigoureuse. Elle rappela donc tout son courage, et n’ignorant pas