Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/407

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— Non pas de corps, Amy, répondit-il.

— Alors je me trouverai bien aussi. Ô Dudley ! j’ai été malade, bien malade depuis notre dernière entrevue ; car je n’appelle pas ainsi l’horrible vision de ce matin. J’ai connu la maladie, la douleur et le danger ; mais tu es revenu, et j’ai retrouvé santé, repos et bonheur.

— Hélas ! Amy, dit Leicester, tu m’as perdu.

— Moi, milord ! dit Amy, dont les joues perdirent tout d’un coup l’éclat fugitif de la joie ; comment ai-je pu faire du tort à celui que j’aime plus que moi-même ?

— Je ne voudrais pas vous faire de reproches, Amy, reprit le comte ; mais n’avez-vous pas quitté Cumnor malgré ma défense expresse, et votre présence en ces lieux ne nous met-elle pas tous les deux en danger ?

— Vraiment, vraiment ! s’écria-t-elle avec inquiétude, alors pourquoi resté-je ici un moment de plus ? Oh ! si vous saviez quelles furent les craintes qui me décidèrent à quitter Cumnor-Place ! Mais je ne dirai rien de moi-même : seulement, que s’il peut en être autrement, je n’y retournerais pas volontiers ; mais si votre sûreté en dépend…

— Nous songerons à quelque autre retraite, dit Leicester, et vous irez dans un de mes châteaux du nord, sous le nom (que vous n’aurez besoin de prendre, je l’espère, que pour quelques jours) de la femme de Varney.

— Comment, milord Leicester ! » dit la comtesse en se dégageant de ses bras ; « c’est à votre femme que vous donnez le conseil déshonorant de se reconnaître l’épouse d’un autre, et du dernier de tous les hommes, de ce Varney ?

— Madame, je parle sérieusement ; Varney est mon loyal et fidèle serviteur, initié dans mes plus intimes secrets. J’aimerais mieux perdre la main droite que de perdre ses services dans ce moment. Vous n’avez pas de raison pour le mépriser ainsi.

— J’en pourrais donner une, milord, répondit la comtesse ; et je le vois même trembler malgré ce regard assuré qu’il a su prendre ; mais celui qui est aussi nécessaire à votre repos que votre main droite, est à l’abri de toute accusation de ma part. Puisse-t-il vous être fidèle ! et afin qu’il le soit, ne lui accordez pas une confiance excessive. Je me contenterai de vous dire que la force seule pourra me faire le suivre, et que je ne le reconnaîtrai jamais pour mon mari, quand tous…