Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/453

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— Oui, dit Tressilian, il faut qu’elle soit en sûreté ; et moi je dois en avoir l’assurance ; ma querelle personnelle est maintenant terminée avec vous, milord ; mais j’ai une autre satisfaction à demander au séducteur d’Amy Robsart, à celui qui n’a pas craint de cacher son crime sous le manteau de l’infâme Varney.

— Le séducteur d’Amy ! » répondit Leicester d’une voix de tonnerre ; « dites son époux, son coupable, son aveugle, son indigne époux. Elle est comtesse de Leicester aussi vrai que je porte la couronne de comte ; et vous-même, monsieur, ne pouvez indiquer aucune réparation que je ne sois disposé à lui offrir de mon propre mouvement. Je n’ai pas besoin d’ajouter que je ne craindrais pas les moyens que vous pourriez employer pour m’y forcer. »

Le caractère généreux de Tressilian le porta à abandonner sur-le-champ toute considération personnelle pour ne s’occuper que de la sûreté d’Amy. Il n’éprouvait pas une confiance entière dans les résolutions flottantes de Leicester, dont l’esprit lui paraissait trop agité pour que le calme de la raison pût y exercer son empire ; et malgré toutes les assurances qu’il en avait reçues, il ne pouvait croire davantage qu’Amy fût à l’abri de tous dangers entre les mains de ses dépendants. « Milord, » dit-il d’un ton calme, « je suis loin de vouloir vous offenser et de vous chercher querelle, mais mon devoir envers sir Hugh Robsart me force à porter cette affaire immédiatement devant la reine, afin que le rang de la comtesse soit reconnu en sa personne.

— Vous n’en aurez pas besoin, monsieur, » répondit le comte avec hauteur ; « nulle autre voix que celle de Dudley ne proclamera sa honte : c’est à Élisabeth elle-même que je vais l’apprendre, pour voler ensuite à Cumnor-Place avec toute la rapidité dont on est capable quand il y va de la vie. »

En parlant ainsi, il détacha son cheval, se jeta en selle, et se dirigea rapidement vers le château.

« Prenez-moi devant vous, monsieur Tressilian, « dit l’enfant en voyant Tressilian monter à cheval avec la même promptitude ; " mon récit n’est pas encore fini, et je puis avoir besoin de votre protection. »

Tressilian y consentit, et suivit le comte, quoique d’un pas moins précipité. En chemin, le jeune garçon lui avoua, avec beaucoup de repentir, que, par rancune contre Wayland, qui avait éludé toutes ses questions au sujet de la dame, après que lui Dickon avait, à ce qu’il s’imaginait, acquis de diverses manières des droits à sa con-