Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/475

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cher qu’il habitait ordinairement et le palier du haut escalier qui y conduisait. Le cordon qui faisait mouvoir cette machine était habituellement dans l’intérieur de la chambre, le but de Foster étant de se prémunir contre toute invasion du dehors ; mais dans cette circonstance, voulant s’assurer de sa prisonnière, il avait placé la corde du côté de l’escalier, et l’y avait assujettie après avoir laissé tomber la trappe secrète.

Varney examina cette machine avec beaucoup d’attention, et mesura plusieurs fois des yeux le profond abîme qu’avait ouvert le mouvement de la bascule. Il était noir comme l’enfer, et paraissait d’une profondeur considérable, descendant presque, comme lui apprit tout bas Foster, jusqu’aux caves les plus basses du château. Varney jeta pour la dernière fois un long et farouche regard sur ce noir abîme, et suivit ensuite Foster dans la partie du manoir le plus ordinairement habitée.

Quand ils arrivèrent dans le parloir, Varney pria Foster de lui faire donner à souper, et surtout de son meilleur vin. « Je vais aller trouver Alasco, dit-il, nous aurons de la besogne pour lui, et il faut lui donner du cœur.

Foster gémit en l’entendant parler ainsi, mais il ne répondit pas. La vieille femme assura Varney qu’Alasco n’avait presque ni bu ni mangé depuis le départ de son maître, restant continuellement enfermé dans son laboratoire, et parlant comme si la durée du monde dépendait de ce qu’il y faisait.

« Je vais lui apprendre que le monde attend autre chose de lui, » dit Varney en prenant une lumière pour aller chercher l’alchimiste. Il revint après un intervalle assez long, très pâle, mais portant encore sur sa physionomie l’expression de froide raillerie qui lui était habituelle.

« Notre ami, dit-il, s’est évaporé.

— Comment ? que voulez-vous dire ? s’écria Foster ; échappé, enfui avec mes quarante livres sterling qu’il devait multiplier mille fois ! Je le poursuivrai à cor et à cri.

— Je t’indiquerai un meilleur moyen, dit Varney.

— Comment ? quel moyen ? demanda Foster. Je veux ravoir mes quarante livres sterling. Je comptais avec certitude qu’elles seraient multipliées au centuple. Je veux avoir mon enjeu du moins.

— Va te pendre, alors, et plaide contre Alasco devant le chancellerie du diable, car c’est à ce tribunal qu’il a porté sa cause.

— Quoi ! que signifie cela ? est-il mort ?