Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/238

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sais… Mais voyons, point d’offense pour personne, messieurs… tout le monde est ami chez moi, tout le monde est bienvenu… Allons, Brenda, allez consulter l’oracle… parlez-lui à votre tour ; vous savez suffisamment de vers norses, c’est une chose connue. — Mais aucun qui aille au divertissement qui nous occupe, mon père, » dit Brenda en se retirant.

« Sottise ! » répliqua le père en la ramenant, tandis qu’Halcro saisissant la main de la récalcitrante ; « une modestie mal placée ne doit jamais gâter une honnête joie… Parlez pour Brenda, Halcro… c’est votre métier d’interpréter les pensées des jeunes filles. »

Le poète s’inclina devant la belle jeune dame avec l’empressement d’un barde et la galanterie d’un voyageur, et après lui avoir rappelé bas à l’oreille qu’elle n’était nullement responsable des sottises qu’il allait débiter, il se recueillit, regarda le ciel, sourit comme s’il lui venait une idée soudaine, et enfin l’exprima dans les vers suivants :

Mère terrible et menaçante,
De Filful-Head sombre habitante,
Tu connais trop bien ton devoir
Pour révéler ce qu’une belle,
À son penchant toujours fidèle,
Désire sans le laisser voir.
Trempe tes mots dans le vin et le miel ;
Trace un dessin d’or et de soie :
Nous voudrions savoir si Brenda, dans sa joie
Comme dans son amour, nourrit un vœu cruel.

La prophétesse répliqua presque immédiatement de derrière son rideau :

Non touché par l’amour, le cœur de la beauté
Est la neige au sommet du Rona dans la nue
Offrant sa cime haute et nue
En sa stérile pureté ;
Mais par un doux rayon à peine caressée,
Cette neige en ruisseau descend dans le vallon,
Réjouit le troupeau, rafraîchit la pensée
Ainsi que le riant gazon,
Et d’un heureux berger vient orner la maison.

« Doctrine consolante, et admirablement parlé ! » s’écria l’udal1er en retenant Brenda qui rougissait et voulait lui échapper… « Il ne faut pas être honteuse pour cela, ma fille…. Être la maîtresse de la maison de quelque honnête homme, faire prospérer quelque