Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/307

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la table ; puis, le mettant dans le creuset, elle le soumit à l’action du charbon allumé, et chanta pendant qu’il fondait :

Aux travaux de la Reim-Kennar
Hertha[1] la mère offre sa part ;
Elle dont la bonté sans piége
Alimente tout ce qui vit.
Des entrailles de la Nowège
Le métal mystique sortit,
Et d’un preux que la mort flétrit
Il ceint les os et les protège
Contre tout funeste conflit.

Elle versa ensuite de la cruche un peu d’eau dans une grande coupe ou gobelet, et chanta encore, en remuant l’eau lentement avec le bout de sa baguette…

Ceinture de nos chères îles,
Élément de qui le pouvoir
Abat les digues et les villes
Des bords où ton flot vient s’asseoir ;
Ta rage ne pourrait détruire
Un pouce des rocs, nos abris :
Obéis donc à mon empire,
Remplis mes desseins favoris.

En terminant ces vers, Norna retira avec des pincettes le creuset de dessus le fourneau, et versa le plomb entièrement fondu dans le gobelet d’eau, en disant :

Éléments, dans cette rencontre,
Pour me servir unissez-vous ;
Il faut que chacun de vous montra
Ses vertus et ses dons jaloux.

Le plomb fondu se divisa en tombant dans l’eau, et y revêtit ces formes irrégulières que connaissent tous ceux qui, dans leur enfance, ont fait cette expérience ; formes où l’on trouve, selon le caprice de son imagination, la ressemblance d’instruments domestiques, de pièces métalliques, ou de foule autre chose. Norna parut s’occuper à quelque recherche du même genre, car elle examina la nouvelle masse de plomb avec une attention scrupuleuse, et en détacha plusieurs pierres, sans pouvoir, apparemment, trouver un fragment de la forme qu’elle désirait.

Enfin, elle murmura comme si elle se parlait à elle-même et non

  1. La terre, Earth.