Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/109

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à cheval, équipé comme pour un voyage, et qui, après lui avoir remis deux lettres, l’une à son adresse, l’autre à celle de mistress Ellesmère, repartit aussitôt sans attendre de réponse.

Il n’y aurait rien de bien surprenant à tout cela, s’il se fût agi de toute autre personne que du major ; mais il était si calme, si régulier dans toute sa conduite, si peu susceptible d’agir précipitamment et par une impulsion soudaine, que la moindre action qui paraissait s’écarter de ses habitudes ordinaires devaient nécessairement exciter l’étonnement et la curiosité.

Lady Peveril se hâta de rompre le cachet, et lut ce qui suit :


« À l’honorable et honorée lady Peveril.


« Madame,

« Je vous écris plutôt pour me disculper que pour accuser vous ou qui que ce soit, car je sens qu’il convient mieux à la fragilité de notre nature d’avouer nos imperfections, que de reprocher aux autres les leurs. Mon intention n’est pas non plus de revenir sur le passé, surtout relativement à ce qui concerne Votre Seigneurie, convaincu que, si je vous ai rendu service à l’époque où notre Israël était ce qu’on pouvait dire triomphant, vous vous êtes acquittée envers moi bien au-delà de ce que vous me deviez en remettant dans mes bras une enfant arrachée en quelque sorte à la vallée de la mort. En conséquence, comme je pardonne de grand cœur à Votre Seigneurie la mesure violente et peu charitable prise à mon égard dans notre dernière entrevue, attendu que la femme qui était cause de cette altercation entre nous est votre parente et votre amie, je vous supplie de me pardonner de la même manière d’avoir détourné de votre service la jeune fille appelée Deborah Debbitch, dont les soins, instruite comme elle l’a été sous votre direction, peuvent être indispensables à la santé de ma chère fille. Mon projet, madame, avait toujours été qu’Alice, avec votre gracieuse permission, restât au château de Martindale sous votre protection bienveillante, jusqu’à ce qu’elle eût atteint l’âge où l’on commence à discerner le bien et le mal, et que le moment fût venu pour moi de remplir mon devoir en lui montrant le chemin dans lequel elle doit marcher. Votre Seigneurie n’ignore pas sans doute, et je n’en parle pas dans une intention de reproche, que je vois avec un profond chagrin qu’une personne douée naturellement de qualités si excellentes, n’ait pas encore