Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/118

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entrait de l’autre, suivi d’une sorte de procession triomphale, composée de Peveril du Pic, de sir Jasper Crambourne et de plusieurs autres cavaliers de distinction.

Afin de prévenir une querelle scandaleuse dans l’église, les officiers de la paroisse s’avancèrent pour s’opposer à l’entrée du ministre presbytérien ; et cette mesure fut exécutée sans autre dommage qu’une tête cassée, celle du procureur presbytérien de Chesterfield, lequel fut frappé rudement par Roger-Raine, l’aubergiste ivrogne des James-de-Peveril.

Obligé par une force supérieure de faire retraite, mais toujours inébranlable, l’indomptable Solsgrace prit le parti d’entrer au presbytère, où, sous quelque prétexte suggéré par M. Win-the-figth, fort mal nommé ce jour-là, il essaya de se maintenir en fermant les portes, en barricadant les fenêtres, et, comme le bruit en courut faussement, en faisant provision d’armes à feu pour résister aux officiers de justice. Il en résulta une scène bruyante et scandaleuse : sir Geoffrey, en ayant été informé, vint en personne avec quelques-uns de ses gens munis de leurs armes. Il força les portes extérieures et intérieures de la maison, et pénétra jusque dans le cabinet, où il ne trouva d’autre garnison que le ministre presbytérien et le procureur, lesquels, après avoir protesté contre la violence qui leur était faite, se déterminèrent enfin à céder la place.

Comme toute la populace du pays était alors en mouvement, sir Geoffrey par prudence et par bonté jugea nécessaire d’escorter ses prisonniers (car on pouvait les appeler ainsi) jusqu’à l’avenue de Moultrassie-House, lieu qu’ils avaient choisi pour leur retraite, et il parvint à les y conduire sans aucun accident, malgré le bruit et le tumulte.

Mais le départ de sir Geoffrey donna bientôt lieu à de nouveaux désordres, qu’il aurait certainement empêchés s’il eût été présent. Le zèle des officiers de paroisse et de leurs adhérents les poussa à déchirer et à jeter au vent quelques-uns des livres du ministre, comme fanatiques et séditieux. La majeure partie de son ale fut bue à la santé du roi et de Peveril du Pic ; bref, les jeunes gens qui ne supportaient l’ex-ministre qu’avec répugnance, à cause de la défense tyrannique qu’il leur avait faite de jouer aux quilles, à la balle, au palet, etc., et qui de plus se souvenaient de la longueur impitoyable de ses sermons, firent son effigie, la revêtirent de sa robe genevoise, la coiffèrent de son chapeau pointu, et,