Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/195

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murailles extérieures, ou bien paraissait immobile sur une des tourelles solitaires dont la tour d’observation est flanquée, et qu’elle s’évanouissait dans les airs au premier chant du coq, ou au son de la cloche de la seule tour qui fût restée de l’église de Saint-Germain.

Tel était Holm-Peel vers la fin du dix-septième siècle.

Ce fut dans l’un des vastes appartements presque démeublés de l’antique château, que Julien Peveril à son arrivée trouva son ami, le comte de Derby, qui venait de s’asseoir devant un déjeuner, composé de diverses sortes de poissons.

« Soyez le bienvenu, très-impérial Julien, lui dit-il ; soyez le bienvenu dans notre forteresse royale, où nous ne sommes pas encore sur le point de mourir de faim, quoique nous soyons bien près de mourir de froid. »

Julien ne lui répondit qu’en lui demandant le motif d’un changement de domicile si subit.

« Sur ma parole, vous en savez presque autant que moi, répondit le comte. Ma mère ne m’a rien dit à cet égard, craignant sans doute que je ne cédasse enfin à la tentation de l’interroger ; mais elle se trompe fort. J’aime mieux croire à la profonde sagesse de toutes ses mesures que de la troubler pour qu’elle m’en rende compte, bien qu’aucune femme ne soit capable d’en rendre un meilleur. — Allons, allons, c’est affectation, mon cher ami, dit Julien ; vous feriez bien de montrer, en pareil circonstance, un peu plus de curiosité. — Et pourquoi ? reprit le comte ; pour entendre de vieilles histoires sur les lois de Tinwald, sur les droits opposés des lords et du clergé, et tout le reste de cette barbarie celtique, qui, semblable à la doctrine parfaite de Burgesse, entre par un oreille et sort par l’autre ? — Tenez, milord, dit Julien, vous n’êtes pas aussi indifférent que vous voudriez le faire croire. Vous mourez d’envie de savoir quelle est la cause de ce déplacement précipité ; mais vous pensez qu’il est du bel air de paraître insouciant sur vos propres affaires. — Et que voulez-vous que soit cette cause, dit le jeune comte, si ce n’est quelque querelle entre le ministre de Notre Majesté, le gouverneur Nowel, et nos vassaux, ou peut-être quelque dispute entre la juridiction ecclésiastique et celle de Notre Majesté, affaire dont Notre Majesté se soucie aussi peu, je vous le jure, qu’aucun roi de la chrétienté ? — Je crois plutôt qu’il s’agit de quelque avis reçu d’Angleterre, répliqua Julien. J’ai entendu dire hier soir, à Peel-Town, que