Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/198

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une loi de ne jamais contrarier les volontés de son maire du palais. »

La comtesse fit un signe à la jeune fille qui portait la queue de sa robe, et celle-ci s’empressa d’aller chercher de la cire et une bougie allumée.

Pendant ce temps lady Derby continua de parler en s’adressant à Peveril. « Philippe ne se rend pas justice, dit-elle. Pendant votre absence, Julien, (et c’est ce qui est le plus surprenant ; car, si vous eussiez été ici, je n’aurais pas hésité à croire que vous aviez soufflé votre ami), il a soutenu sur un point de controverse une discussion fort animée avec l’évêque, qui voulait prononcer les censures spirituelles contre une pauvre malheureuse et la faire enfermer dans le souterrain sous la chapelle. — Ne pensez pas plus de bien de moi que je n’en mérite, » dit le comte à Peveril. « Ma mère a oublié de vous dire que la coupable est la jolie Peggy de Ramsey, et que son crime est ce que, dans les cours d’amour, on eût appelé peccadille. — Ne vous faites pas pire que vous êtes, » répliqua Peveril qui vit le rouge monter au visage de la comtesse ; « vous savez fort bien que vous en auriez fait autant pour la femme la plus vieille, la plus pauvre, la plus difforme de toute l’île de Man. Ce souterrain est situé sous le cimetière de la chapelle, et, à ce que je crois, sous l’Océan même, car on y entend le mugissement des vagues ; et je ne pense pas que personne puisse rester là long-temps sans perdre la raison. — C’est un trou infernal, dit le comte, et je le ferai combler un jour, cela est certain. Mais un instant ! Pour l’amour de Dieu ! madame ! qu’allez-vous faire ? Examinez le sceau avant de l’apposer sur le warrant ; regardez, je vous prie, et vous verrez que ce sceau curieux est un camée antique d’un très-grand prix. Il représente Cupidon à cheval sur un poisson volant. Je l’ai acheté vingt sequins del signor Furabosco à Rome. C’est un morceau précieux pour un antiquaire, mais qui ajoutera sans doute fort peu d’autorité au warrant du souverain de cette île. — Comment pouvez-vous plaisanter ainsi ? jeune fou, » dit la comtesse avec l’air et le ton d’une femme vivement contrariée ; « donnez-moi votre sceau, ou plutôt prenez ces warrants et scellez-les vous-même. — Mon sceau ! mon sceau ! ah ! vous voulez dire, sans doute, ce cachet monté sur trois pieds monstrueux, et qui fut imaginé, je suppose, pour représenter de la façon la plus ridicule notre très absurde Majesté de Man. Ce sceau, ma foi, je ne l’ai pas vu depuis le jour où je