Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/260

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mercier ; nous allons nous y rafraîchir avec quelque bonne bouteille de vin, et nous informer en même temps s’il ne se trouve point aux environs des gens qui aient quelque chose à démêler avec moi. Et vous aurez soin de faire rembourrer cette selle, car j’ai entendu dire que les chemins du Derbyshire sont en mauvais état. Quant à vous, capitaine Dangerfield, et à vous, maître Éverett, ayez soin de mettre vos lunettes de protestant, afin de me dépister jusqu’à l’ombre d’un prêtre catholique, et même jusqu’au partisan d’un prêtre ; car je viens avec un balais pour nettoyer ce pays du nord d’un pareil bétail. »

L’un de ceux auxquels il s’adressait, et qui avait toutes les apparences d’un pauvre diable ruiné, lui répondit :

« Oui, monsieur Topham, vous avez raison, il est temps de balayer le grenier. »

L’autre, qui avait une paire de moustaches formidables, un nez rouge, un habit dont les galons étaient ternis et rougis, et un chapeau de la dimension de celui de Pistol, répondit d’une manière moins laconique.

« Je veux être damné, dit ce zélé protestant, si je ne reconnais la marque de la bête sur toutes gens, depuis l’âge de seize ans jusqu’à celui de soixante et dix-sept, aussi distinctement que s’ils faisaient le signe de la croix avec de l’encre au lieu de le faire avec de l’eau bénite. Puisque nous avons un roi qui veut faire justice et une chambre des communes qui encourage les poursuites, la bonne cause, Dieu me damne ! ne doit point pâtir faute de dénonciations. — Tenez-vous-en là, noble capitaine, répondit l’officier supérieur ; mais gardez vos serments, je vous prie, pour la cour de justice ; c’est les prodiguer follement que de les semer comme vous le faites dans la conversation ordinaire. — Ne craignez rien, monsieur Topham, reprit Dangerfield, il n’y a pas de mal qu’un honnête homme entretienne les talents qu’il possède. Si, dans la conversation particulière, je perdais l’habitude des serments, comment saurais-je en faire dans les occasions plus solennelles ? Mais jamais vous ne m’entendrez prononcer un serment papiste. Je ne jure ni par la messe, ni par saint George, ni par autre chose qui appartienne au culte idolâtre ; il ne sort de ma bouche que des serments dignes d’un pauvre gentilhomme protestant qui veut servir Dieu et son roi. — Voilà qui est bravement parlé, noble Festus, dit son camarade. Mais quoique je n’orne pas mes discours de serments inutiles, soyez certain que