Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/330

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cher la flamme de se communiquer aux vieilles boiseries. — Que le ciel te juge pour ton insouciance et ta légèreté ! répondit Bridgenorth. On dirait que le mal est tellement ton élément, que peu t’importe que ce soit un ami ou un ennemi qui souffre. »

À ces mots, il descendit précipitamment l’escalier du vestibule, dans lequel les assaillants avaient jeté, à travers les barreaux de fer des fenêtres, une certaine quantité de paille allumée qui produisait beaucoup de fumée et assez de feu pour mettre la confusion parmi les défenseurs de la place. Quelques coups de feu tirés à la hâte par les fenêtres firent peu de mal aux assiégeants, qui, s’animant de plus en plus, répondirent à cette décharge par le cri de « Vive Peveril du Pic ! » Comme ils étaient déjà parvenus à faire une brèche au mur de brique, Lance-Outram, Ditchley et plusieurs des plus intrépides entrèrent dans le vestibule.

Il s’en fallait pourtant que la maison fût prise. Les assiégés joignaient au sang-froid et à l’habileté cet esprit d’enthousiasme qui compte la vie pour rien quand il s’agit d’accomplir un devoir réel ou supposé. Par les portes entr’ouvertes qui donnaient sur le vestibule ils entretenaient un feu qui commençait à devenir fatal : un mineur fut tué, trois ou quatre blessés, et Lance ne savait trop s’il devait battre en retraite et laisser la maison en proie aux flammes, ou faire une attaque désespérée sur les postes occupés par les défenseurs, et tenter de s’emparer de la place. Le parti qu’il prit en ce moment fut déterminé par une circonstance imprévue, dont il est nécessaire de rendre compte.

Julien Peveril, de même que les autres habitants de Moultrassie-House, avait été éveillé pendant cette nuit mémorable par le bruit du mousquet de la sentinelle et par les cris que poussaient les vassaux et les amis de son père. Il en conclut qu’on attaquait la maison de Bridgenorth, dans l’intention de le délivrer. Doutant beaucoup du succès de cette tentative, à peine sorti du sommeil dont il avait été tiré si brusquement, et troublé par la succession rapide des événements dont il avait été témoin depuis si peu de temps, il se vêtit à la hâte, et se mit à la fenêtre de sa chambre. Mais il lui fut impossible de rien voir qui pût calmer son inquiétude, car la fenêtre donnait du côté opposé à celui où l’attaque avait lieu. Il essaya d’ouvrir sa porte, mais elle était fermée à l’extérieur ; son embarras et son anxiété devenaient extrêmes, quand tout à coup il entendit tirer les verrous, et Alice Bridgenorth, les cheveux flottant sur les épaules, les vêtements en dé-