Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/331

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sordre, les yeux brillants de terreur et de résolution, se précipita dans la chambre, et lui saisit la main en s’écriant : « Julien, sauvez mon père ! »

La lumière qu’elle portait fit reconnaître à Julien des traits qu’il était impossible de voir sans intérêt, et qui avaient en ce moment une expression irrésistible pour un amant.

« Alice, que voulez-vous dire ? Quel est ce danger ? où est votre père ? — Ne me faites point de questions ; mais si vous voulez le sauver, suivez-moi. »

En même temps elle marcha devant lui à pas précipités, et descendit à moitié l’escalier de la tour : là, ouvrant une porte, elle traversa une galerie, qui la conduisit à un escalier plus grand et plus large, au pied duquel se trouvait son père, entouré de plusieurs de ses amis. À peine pouvait-on les apercevoir au milieu du nuage de fumée produit et par le feu qui commençait à gagner dans le vestibule, et par les coups de fusil que tiraient les assiégés.

Julien vit qu’il n’avait pas un moment à perdre s’il voulait que sa médiation servît à quelque chose. Il se fit jour à travers le parti de Bridgenorth, avant que ceux-ci eussent eu le temps de s’apercevoir de sa présence, et, se jetant au milieu des assaillants, dont un nombre considérable occupait le vestibule, il les assura qu’il était en sûreté, et les conjura de s’éloigner.

« Ce ne sera pas sans avoir quelques tranches de croupion, monsieur Julien, répondit Lance. Je suis content de vous voir sain et sauf ; mais voici Joë Rimegap qui vient d’être tué comme un daim ; plusieurs de nous sont blessés : nous voulons en tirer vengeance, et rôtir les puritains comme de la laine d’agneau. — Vous me rôtirez donc avec eux, dit Julien, car je jure par le ciel que je ne quitterai pas cette maison, ayant donné ma parole d’honneur au major Bridgenorth d’y rester jusqu’à ce que j’aie été remis en liberté par la loi. — Au diable donc ! fussiez-vous dix fois un Peveril, s’écria Ditchley. Voir tant de braves gens se donner tant de mal en votre faveur, et ne pas faire meilleure contenance ! Je le répète, attisez le feu, camarades, et brûlez-les tous ! — La paix, la paix, mes amis, et veuillez écouter la raison, dit Julien. Nous sommes tous ici dans une situation dangereuse, et votre opiniâtreté ne servira qu’à la rendre encore plus fâcheuse. Aidez à éteindre le feu que vous avez allumé, où il pourra nous en coûter cher. Restez sous les armes, et laissez monsieur Bridgenorth et moi régler les conditions de l’arrangement. J’ose croire