Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/350

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prendre : « Ma tante disait vrai dans sa vieille chanson s’écria-t-il :

« Qui veut servir un Peveril.
Ne doit pas craindre la tempête. »

« Elle avait coutume de dire aussi que quand un Peveril était sur le gril, un Outram était dans la poêle. Ainsi je vous prouverai que je n’ai point dégénéré, et que je vous serai dévoué comme mes pères l’ont été aux vôtres pendant quatre générations. — Tu parles comme le plus brave des Outram, dit Julien, et si nous étions débarrassés de cette poupée de lord et de sa suite, nous viendrions aisément à bout des trois autres. — Deux habitants de Londres et un Français ? dit Lance ; j’en viendrais à bout en un tour de main ; et quant à lord Saville, comme ils l’appellent, j’ai entendu dire que lui et tous ses gens de pain d’épice doré, qui regardaient un honnête garçon tel que moi comme s’ils eussent été le pur métal et moi l’écume, doivent partir ce matin pour aller aux courses et aux joutes de Tutbury. C’est le motif qui les a conduits ici, où ils ont rencontré par hasard cet autre chat musqué. »

Effectivement, comme Lance parlait, un bruit de chevaux se fit entendre dans la cour, et ils aperçurent par une lucarne de leur grenier les domestiques de lord Saville rangés en bon ordre, et prêts à partir dès qu’il paraîtrait.

« Ainsi donc, maître Jérémie, » dit un d’eux à une espèce de domestique en chef qui sortit alors de la maison : « Le vin paraît avoir agi comme un narcotique sur milord, cette nuit ? — Point du tout, répondit Jérémie, il l’a passée à écrire des lettres pour Londres ; et pour te punir de ton irrévérence, c’est toi, Jhno, qui les porteras. — Et de cette façon, je manquerai les courses, » dit Jonathan tristement : « Je vous remercie de cette bonne commission, maître Jérémie, et pendez-moi si jamais je l’oublie. »

Cette discussion fut subitement interrompue par l’arrivée du jeune lord^ qui, en sortant de Tauberge, dit à Jérémie : « Voici les lettres. Qu’un de ces drôles galope jusqu’à Londres comme s’il y allait pour lui de la vie ou de la mort, et qu’il les remette à leur adresse ; quant aux autres, qu’ils montent à cheval et qu’ils me suivent. »

Jérémie donna le paquet à Jonathan en souriant malicieusement ; et le groom désappointé fit partir avec humeur son cheval vers Londres, tandis que lord Saville et le reste de ses gens partaient au grand trot dans une direction opposée, suivis des bénédictions de l’hôte et de sa famille, qui se tenaient devant la porte