Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/354

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nos épices et nos sauces. — Prenez-y garde, monsieur Chiffinch, dit Peveril, vous choisissez mal votre temps pour railler. Je ne suis pas un voleur de grand chemin, mais un homme d’honneur. Rendez-moi le paquet de lettres que vous m’avez dérobé l’autre nuit, ou, par tout ce qu’il y a de plus sacré, je vous envoie dans l’estomac une paire de bonnes balles. — Quelle nuit ? quel paquet ? » demanda Chiffinch interdit, mais cherchant à gagner du temps, dans l’espoir de voir arriver du secours. J’ignore ce que vous voulez dire, ajouta-t-il ; si vous êtes un homme d’honneur, laissez-moi tirer l’épée, et je vous ferai raison comme un gentilhomme. — Coquin sans honneur, s’écria Peveril, vous ne m’échapperez pas ainsi. Vous m’avez volé quand vous aviez l’avantage sur moi ; à présent qu’il est de mon côté, je ne serai pas assez fou pour n’en pas profiter. Rendez-moi le paquet ; ensuite, si vous le voulez, nous combattrons à armes égales. Mais d’abord, les lettres, répéta-t-il, ou à l’instant je vous envoie dans un lieu où votre conduite en ce monde ne vous promet pas une réception favorable. »

Le ton menaçant de Peveril, le feu de son regard, et le pistolet chargé qu’il tenait à quelques pouces de la poitrine de Chiffinch, convainquirent ce dernier qu’il n’avait pas d’autres conditions à espérer, ni de temps à perdre. Il mit donc la main dans une des poches de son manteau, et il en tira, avec une répugnance bien visible, les dépêches que la comtesse de Derby avait confiées à Julien.

« Il y en a cinq, dit Julien, et vous ne m’en rendez que quatre. Votre vie dépend d’une pleine et entière restitution. — La cinquième m’avait échappé, » dit Chiffinch, en lui présentant la lettre qui manquait. « La voilà. Maintenant, monsieur, vous êtes satisfait, je pense, à moins que votre dessein ne soit d’ajouter à cette action le meurtre ou le vol. — Misérable ! » dit Peveril en baissant son pistolet, mais en suivant de l’œil les mouvements de Chiffinch, « tu es indigne de mesurer ton épée avec celle d’un honnête homme, et cependant tire-la, si tu l’oses, et je consens à te combattre à armes égales. — À armes égales ? » dit Chiffinch d’un air de dérision. « Belle égalité ! l’épée et le pistolet contre une simple rapière, et deux contre un, car Chaubert n’est pas propre à se battre. Non, monsieur, j’attendrai une occasion plus favorable, et des armes plus égales. — La calomnie ou le poison, sans doute, infâme agent, dit Julien, tels sont tes moyens de vengeance. Mais écoute-moi, je connais tes vils desseins contre une