Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/54

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entre les deux partis s’ils venaient à se rencontrer. On prononça ensuite sur d’autres questions d’une moindre importance, et les choses furent réglées tellement à la satisfaction du pasteur presbytérien, que, dans une longue instruction qu’il fit au sujet de la robe nuptiale, il prit la peine d’expliquer à son auditoire que cette expression de l’Écriture ne devait pas seulement s’entendre des vêtements extérieurs, mais qu’elle s’appliquait aussi à la disposition d’esprit convenable pour jouir d’une fête paisible. En conséquence, il représenta à ses frères que, quels que fussent les erreurs et l’aveuglement de ces pauvres abusés avec lesquels ils allaient être forcés en quelque sorte de boire et de manger, ils ne devaient leur témoigner aucun ressentiment, aucune malveillance, de peur de troubler la paix d’Israël et d’être une cause de désordre.

L’honnête docteur Dummerar, l’ancien recteur épiscopal de Martindale-Moultrassie, fit aux cavaliers un sermon sur le même sujet. Il desservait cette paroisse avant la révolte, et jouissait d’une haute faveur près de sir Geoffrey, non seulement à cause de ses sentiments orthodoxes et de son instruction profonde, mais plus encore pour son habileté remarquable au jeu de boule, sa conversation joviale, et ses facéties en fumant une pipe et en faisant fête à un grand pot de bière d’octobre. Ces derniers talents avaient valu au docteur l’honneur d’être placé par le vieux Century White[1] sur la liste des ministres débauchés, indignes et incapables, la honte de l’Église anglicane, et qu’il dénonçait à Dieu et aux hommes comme coupables principalement de l’odieux péché de jouer aux jeux d’adresse et de hasard, et d’aller sans scrupule dans les sociétés et les réunions de leurs paroissiens. Lorsque les partisans du roi commencèrent à perdre du terrain, le docteur Dummerar quitta son presbytère, se rendit au camp, où il remplit les fonctions d’aumônier dans le régiment de sir Geoffrey, et prouva dans plusieurs occasions que son enveloppe vigoureuse et robuste renfermait un cœur mâle et courageux. Quand tout fut perdu et que, ainsi que bien d’autres ministres royalistes, il fut dépouillé de son bénéfice, il se tira d’embarras comme il put, se cachant tantôt dans les greniers de ses anciens amis de l’université qui partageaient avec lui et avec ceux du même parti les chétives ressources que le malheur des temps ne leur avait pas ôtées, et tantôt dans les maisons des nobles opprimés qui respec-

  1. Il dénonça cent prêtres, d’où lui vint le surnom de Century. a. m.