Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/8

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pour moi une habitude, ou de continuer ces rêveries jusqu’à ce que le public me fît comprendre tout simplement qu’il ne voulait plus de moi ; avis qu’il était probable que je recevrais et que j’étais bien déterminé à ne pas me faire répéter deux fois. Cet avertissement que le lecteur peut me donner, j’étais décidé à le prendre, quand la publication d’un nouveau Waverley ne serait pas le sujet de quelque attention dans le monde littéraire.

Une circonstance accidentelle me détermina dans le choix du sujet de cet ouvrage. Il y a déjà plusieurs années que mon frère, plus jeune que moi, Thomas Scott, dont il a été parlé dans mes notes, était demeuré pendant deux ou trois saisons dans l’île de Man. Il avait eu accès dans les archives de ce singulier pays, et en avait copié plusieurs registres qu’il m’avait communiqués. Ces papiers furent mis entre mes mains lorsque mon frère pouvait en tirer parti pour quelque usage littéraire, je ne me souviens pas précisément lequel ; mais il ne se fixa à aucune idée et se fatigua de transcrire. Ces papiers, je suppose, furent perdus dans le cours d’une vie militaire. Ce qu’ils contenaient de plus remarquable est resté gravé dans la mémoire de l’auteur.

L’histoire intéressante et romantique de William Christian frappa particulièrement mon imagination. Je trouvai ce même William et son père spécialement notés dans quelques mémoires de l’île, conservés par le comte de Derby et publiés dans les Desiderata curiosa du docteur Peck. Ce gentilhomme était le fils d’Édouard, autrefois gouverneur de l’île, et William fut lui-même ensuite un des deux dempteurs ou juges suprêmes. Le père et le fils embrassèrent tous deux le parti des insulaires, et contestèrent quelques droits féodaux réclamés par le comte de Derby, en qualité de roi de l’île. Quand le comte fut mort dans Bolton-le-Moor, le capitaine Christian se plaça comme chef des têtes-rondes, si on peut les appeler ainsi, et trouva moyen de communiquer avec une flotte envoyée par le parlement. L’insurgé Manxmen livra l’île au parlement. La fière comtesse et son fils furent arrêtés et jetés en prison, où ils furent long-temps retenus et traités sans distinction. À la restauration, la comtesse, ou bien par son ordre, la reine, douairière de l’île, fit saisir William Dhone, ou William aux Cheveux-Blonds, comme on appelait William Christian ; et fut cause qu’il fut jugé et exécuté selon les lois de l’île, pour avoir détrôné sa souveraine et l’avoir emprisonnée elle et sa famille. Les romanciers et les lecteurs de romans