Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne sois pas aussi prompt à te servir de ta langue que tu as été lent aujourd’hui à faire usage de ton bras. »

Plein de joie que cette affaire n’ait pas pour lui d’autres suites, mais révolté au fond du cœur contre la profonde cruauté que le roi paraissait exiger de lui dans l’exécution de ses devoirs, Quentin suivit la route qui lui avait été tracée, descendit l’escalier avec promptitude, et communiqua à Olivier, qui attendait dans la cour, les ordres que lui avait donnés le roi. Le rusé barbier s’inclina, soupira et sourit, tandis que d’une voix plus douce qu’à l’ordinaire il souhaitait le bonsoir au jeune homme ; et ils se séparèrent, Quentin pour retourner à sa caserne, et Olivier pour se rendre auprès de Louis.

Ici, les mémoires qui nous ont principalement servi de guide dans la rédaction de cette véritable histoire, se trouvent malheureusement incomplets ; car comme ils se composent en majeure partie des renseignements fournis par Quentin, il ne s’y trouve rien de relatif au dialogue qui eut lieu, en son absence, entre le roi et son conseiller privé. Heureusement la bibliothèque de Haut-Lieu contenait un exemplaire manuscrit de la Chronique scandaleuse de Jean de Troyes, beaucoup plus détaillé que celui qui a été imprimé, et auquel ont été ajoutées plusieurs notes précieuses que nous sommes porté à croire avoir été écrites par Olivier lui-même après la mort de son maître, et avant qu’il ait eu le bonheur d’être récompensé par le gibet, récompense si bien et depuis si long-temps méritée. C’est de ce manuscrit que nous avons été à même d’extraire un récit très-détaillé de son entretien avec Louis en cette circonstance, entretien qui va jeter sur la politique de ce monarque une lumière que nous aurions vainement cherchée ailleurs.

Lorsque le serviteur favori entra dans la galerie de Roland, il trouva le roi assis d’un air pensif sur le siège que sa fille avait quitté quelques minutes auparavant. Connaissant parfaitement le caractère de Louis, il s’avança de ce pas léger qui lui était ordinaire, jusqu’à ce qu’il fût tout juste placé sur la ligne du rayon visuel du roi, de manière à lui faire connaître qu’il était présent ; après quoi il se retira modestement en arrière et loin des regards de son maître, attendant qu’il lui donnât l’ordre de parler ou d’écouter. Les premières paroles du monarque ne furent rien moins qu’agréables à l’oreille du souple courtisan.

« Eh bien ! Olivier, tes beaux plans disparaissent comme la