Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/247

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nier jusqu’à ce qu’ils eussent eu le temps d’arriver au château de l’évêque ; mais, après y avoir réfléchi, il craignit de faire une telle demande à un homme que la vieillesse et sa qualité de moine rendaient timide, et qui, envisageant la sûreté de son couvent comme le plus important de ses devoirs, était rempli de terreur au seul nom du Sanglier des Ardennes.

Enfin Durward arrêta un plan sur la réussite duquel il pouvait d’autant mieux compter que l’exécution dépendait entièrement de sa volonté ; et, dans l’intérêt de la cause à laquelle il s’était dévoué, il se sentait en état de pouvoir tout tenter. Doué d’un cœur ferme et hardi, quoiqu’il ne se dissimulât pas le danger de sa situation, Quentin était tel qu’un homme qui marche sous le poids d’un fardeau dont il sent la pesanteur, mais qu’il regarde cependant comme n’étant pas au-dessus de ses forces. Il venait de prendre une dernière résolution quand il arriva au couvent.

Il frappa doucement à la porte ; un frère, à qui le prieur avait eu soin d’ordonner de se tenir prêt pour ne pas le faire attendre, la lui ouvrit, et l’informa que les moines devaient rester dans le chœur jusqu’à l’aube du jour, afin de demander au ciel, par leurs prières, le pardon de tous les scandales qui avaient eu lieu dans la communauté pendant la soirée. Il offrit à Quentin de venir partager leurs exercices de dévotion ; mais les vêtements du jeune Écossais étaient tellement humides qu’il se crut dans la nécessité de refuser cette pieuse invitation, et il demanda la permission d’aller s’asseoir devant le feu de la cuisine, afin de pouvoir les sécher avant le jour, car il désirait particulièrement que le Bohémien, lorsqu’il le reverrait, ne pût apercevoir aucun indice capable d’éveiller en lui le moindre soupçon sur son excursion nocturne. Non-seulement le digne frère souscrivit à sa prière, mais il s’offrit même à lui tenir compagnie, ce qui s’accorda parfaitement avec le désir que Durward avait d’obtenir quelques renseignements sur les deux routes dont le Bohémien avait parlé dans sa conférence avec le lansquenet.

Le frère, à qui la plupart du temps les affaires extérieures du couvent étaient confiées, se trouvait justement la personne de la communauté la plus capable d’instruire Quentin de ce qu’il voulait savoir ; mais il fit observer qu’en qualité de fidèles pèlerines, il était du devoir des dames que le jeune archer accompagnait, de suivre la rive droite de la Meuse pour se rendre à la Croix des Trois-Rois, où les bienheureuses reliques de Gaspard, de Melchior et de