Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/259

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Le prélat, ainsi que nous l’avons dit, promit aux dames de Croye de faire tout ce qu’il pourrait en leur faveur auprès du duc de Bourgogne. Il espérait d’autant plus leur être utile que Campo-Basso, d’après quelques découvertes que venait de faire son maître et qui n’étaient nullement à son avantage, avait perdu la faveur de ce prince. Mais le soupir qui accompagna cette promesse de les protéger semblait déceler que son pouvoir à cet égard était plus précaire qu’il ne voulait le laisser entendre.

« Quoi qu’il arrive, mes très-chères filles, » ajouta-t-il d’un air qui, de même que dans son premier accueil, était un mélange d’onction spirituelle et de cette galanterie héréditaire qui caractérisait la maison de Bourbon, « le ciel me préserve d’abandonner jamais l’agneau au loup vorace, ou de nobles dames à l’oppression du méchant. Je suis un homme de paix, quoique le bruit des armes se fasse entendre dans ma demeure ; mais soyez certaines que je prendrai autant de soin de votre sûreté que de la mienne ; et si les affaires venaient à prendre un aspect plus alarmant… quoique je me flatte, avec la grâce de Notre-Dame, que les têtes se calmeront au lieu de s’enflammer davantage… je vous procurerai les moyens de vous retirer avec sécurité en Allemagne ; car la volonté même de notre frère et protecteur Charles de Bourgogne serait impuissante pour nous faire disposer de vous d’une manière contraire à votre intention. Nous ne pouvons vous permettre de vous retirer dans un couvent ; car, hélas ! telle est l’influence des enfants de Bélial sur les habitants de la ville de Liège, qu’au delà des murs de ce château et loin de la protection de nos soldats, nous ne connaissons plus de retraite sur laquelle s’étende notre autorité. Cependant vous êtes les bien-venues ici ; votre suite y sera honorablement traitée, notamment ce jeune homme que vous avez recommandé d’une manière toute particulière à notre bienveillance, et à qui nous donnons notre bénédiction. »

Quentin s’agenouilla, comme il le devait, pour recevoir cette bénédiction épiscopale.

« Quant à vous, poursuivit le digne prélat, vous resterez ici avec ma sœur Isabelle, chanoinesse de Trêves : vous pouvez résider avec elle en tout honneur, même sous le toit d’un galant célibataire comme l’évêque de Liège. »

En terminant ce discours de réception, l’aimable prélat conduisit les dames à l’appartement de sa sœur ; et l’intendant de sa maison, officier qui, ayant reçu l’ordre du diaconat, participait tout