Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/267

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roles ? Nous savons que le bon comte de Saint-Pol, qui est ici en ce moment, favorise notre cause. — Sur ma vie, vous êtes sous l’influence de quelque illusion : je n’ai rien de commun avec le comte de Saint-Pol. — Oh ! nous ne vous questionnons pas ; et cependant, écoutez, j’ai quelque chose à vous dire à l’oreille ; mon nom est Pavillon. — Et en quoi cela me regarde-t-il, monsieur Pavillon ? — Oh ! en rien. Seulement il me semble que vous devez reconnaître avec plaisir que je suis digne de votre confiance ; et voici mon collègue Ronslaer. »

Ronslaer s’avança. C’était un fonctionnaire d’une vaste corpulence, et dont le ventre arrondi faisait ouvrir la foule devant lui, comme un bélier ébranle et renverse les murailles d’une ville. Il s’approcha de son voisin, et lui faisant un signe comme pour lui recommander la prudence, il lui dit d’un ton de reproche : « Vous oubliez, mon cher collègue, que nous sommes dans un lieu public. Si monsieur veut bien venir chez moi ou chez vous, et accepter un verre de vin du Rhin au sucre, nous entendrons plus commodément ce qu’il a à nous dire sur notre bon ami et allié que nous aimons avec tout l’abandon de nos cœurs flamands. — Je n’ai aucunes nouvelles à vous apprendre, » répondit Quentin avec impatience ; « je refuse votre vin du Rhin : tout ce que je vous demande, comme à des gens respectables, c’est de disperser cette foule oisive, et de permettre à un étranger de sortir de votre ville aussi tranquillement qu’il y est entré. — Eh ! bien, monsieur, dit Ronslaer, puisque vous insistez tant pour garder l’incognito, même avec nous qui sommes des hommes dignes de confiance, permettez-moi de vous demander sans plus de détours, pourquoi vous porteriez la marque distinctive de votre compagnie si vous vouliez rester inconnu à Liège ? — De quelle marque, de quelle compagnie parlez-vous ? vous me paraissez des hommes estimables, d’honnêtes et graves citoyens ; mais, sur mon âme, ou vous êtes fous, ou vous avez juré de me le faire devenir. — Sapperment ! s’écria Pavillon, ce jeune homme ferait jurer saint Lambert lui-même ! Qui a jamais porté un bonnet avec la croix de Saint-André et la fleur de lis, sinon les archers de la garde écossaise du roi Louis XI ? — Et en supposant que je sois un archer de la garde, qu’y a-t-il d’étonnant que je porte le signe distinctif de ma compagnie ? » dit Quentin d’un ton d’humeur. — « Il l’a avoué, il l’a avoué ! » s’écrièrent en même temps Ronslaer et Pavillon en se tournant vers la foule, les bras élevés, les mains étendues, et leurs larges